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Le débat sur l’interdiction des réseaux sociaux pour les jeunes au Canada prend de l’ampleur, notamment après l’adoption d’une législation similaire en Australie. Les experts canadiens partagent leurs points de vue sur cette question délicate.
L’interdiction en Australie et ses implications
C’est officiel : l’accès aux réseaux sociaux sera interdit aux moins de 16 ans en Australie. Le parlement australien a approuvé cette nouvelle législation, soulevant la question de savoir si le Canada devrait emboîter le pas.
Emma Duerden, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neurosciences et troubles de l’apprentissage à l’Université Western, soutient qu’une telle interdiction pourrait être bénéfique. Elle souligne que si cette mesure soulève des préoccupations relatives à l’isolement social et à la vie privée, les avantages pour le développement des jeunes l’emportent.
Les jeunes et la dépendance aux réseaux sociaux
Duerden explique qu’interdire l’accès aux réseaux sociaux est essentiel pour favoriser un développement cérébral sain chez les enfants et les adolescents. Ces derniers, en raison de leur jeune âge, manquent des outils nécessaires pour naviguer sainement dans cet environnement.
Elle ajoute que le système de récompense du cerveau se développe très tôt, tandis que les centres de contrôle cérébraux, responsables de la régulation des impulsions, n’atteignent leur pleine maturité qu’entre 20 et 30 ans. Cette immaturité cérébrale rend les adolescents plus susceptibles de développer une dépendance aux réseaux sociaux, exposant ainsi leur santé mentale à des contenus négatifs.
Les points de vue divergents sur l’interdiction
Richard Lachman, professeur en médias numériques à l’Université métropolitaine de Toronto, remet en question l’efficacité d’une interdiction totale. Selon lui, il est important de sensibiliser les jeunes aux risques et dangers potentiels des réseaux sociaux. L’intimidation, par exemple, peut se produire aussi bien en ligne qu’à l’école, et la solution ne réside pas simplement dans la fermeture des plateformes.
Pour Lachman, les réseaux sociaux peuvent également représenter des ressources importantes pour les jeunes issus de groupes marginalisés, leur permettant de se connecter avec des personnes au-delà de leur environnement immédiat.
Des solutions alternatives à l’interdiction
Caroline Isautier, fondatrice et directrice de Tech for Good Canada, propose une approche différente : la vente de téléphones sans accès aux réseaux sociaux pour les jeunes. Elle affirme que des appareils spécialement conçus pour les moins de 16 ans pourraient aider à limiter leur exposition aux contenus nuisibles.
Elle souligne également l’importance de l’éducation numérique, en déclarant que les parents et les éducateurs doivent être mieux informés pour guider les jeunes dans l’utilisation de la technologie.
L’importance de la responsabilisation
Natalie Coulter, directrice de l’Institut de recherche sur la littératie numérique, compare les réseaux sociaux à l’industrie du tabac, affirmant que, tout comme les fabricants de cigarettes, les entreprises de réseaux sociaux doivent être tenues responsables de leurs produits. Elle insiste sur la nécessité d’impliquer les jeunes dans les discussions sur la régulation des réseaux sociaux.
Une interdiction pourrait inciter les jeunes à utiliser ces plateformes en cachette, augmentant ainsi les risques auxquels ils font face, selon elle. Les réseaux sociaux doivent être considérés non seulement comme des outils, mais comme des plateformes ayant une responsabilité sociale.