Home ActualitéLe Congrès mexicain avance sur les réformes judiciaires malgré les manifestations

Le Congrès mexicain avance sur les réformes judiciaires malgré les manifestations

by Sara
Une réforme judiciaire soutenue par le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a franchi son premier obstacle législatif, avec l’adoption du paquet de réformes par la chambre basse du Mexique, et ce, malgré des protestations généralisées.

Un vote controversé

Le vote, qui a eu lieu mercredi, coïncidait avec une grève en cours des employés des tribunaux fédéraux, des juges et des magistrats. Les critiques ont averti que ce projet de loi porterait atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire, notamment grâce à une disposition qui permettrait d’élire les juges fédéraux par vote populaire, et qu’il ne s’attaquerait pas aux véritables problèmes qui affligent le système.

Des voix s’élèvent contre la réforme

La législatrice d’opposition Paulina Rubio Fernandez a résum é ce sentiment avant le vote, qui s’est tenu après que les législateurs ont été contraints de se réunir dans une salle de gym en raison du blocus des manifestants à l’entrée du bâtiment du Congrès. Elle a déclaré : “Nous devrions inaugurer un mur de la honte portant l’inscription : ‘Aujourd’hui commence la chute de notre république.’ Ce mur devrait indiquer la date et afficher tous les visages des députés de Morena,” faisant référence au parti de Lopez Obrador, qui détient une supermajorité à la Chambre des Députés.

Une adoption initiale et des défis à venir

La mesure a été adoptée par un vote de 359 contre 135, suivant les lignes partisanes. Elle a ensuite reçu l’approbation finale pour être envoyée au Sénat pour un débat approfondi. Étant donné que le projet de loi implique des changements constitutionnels, des votes de supermajorité sont nécessaires dans les deux chambres. Le parti Morena est à un siège d’atteindre une supermajorité au Sénat, mais l’on s’attend à ce que le projet de loi soit finalement adopté.

Engagements de Lopez Obrador et réactions internationales

Le vote de mercredi vient conclure des mois de promesses de Lopez Obrador, connu sous ses initiales AMLO, de mener à bien la réforme judiciaire avant la fin de son mandat de six ans ce mois-ci. Ce leader de gauche, qui jouit d’une large popularité au Mexique, sera remplacé par Claudia Sheinbaum, une fidèle de Morena qui a également défendu les réformes.

Lopez Obrador a déclaré que ces mesures étaient nécessaires pour éradiquer la corruption et démocratiser un pouvoir judiciaire qu’il présente comme influencé par le crime organisé. Plusieurs organisations juridiques et experts ont qualifié cette approche de malavisée, soutenant que les procureurs, la police et les ministères publics sont en grande partie responsables de l’état lamentable du système.

Les États-Unis et le Canada ont également critiqué les réformes. Mardi, l’ambassadeur américain Ken Salazar a déclaré que les changements “pourraient sérieusement nuire aux relations, et ce n’est pas moi qui le dis seul.” Il a ajouté que cette réforme aurait un impact négatif sur les investissements et l’économie mexicaine.

La semaine dernière, Lopez Obrador a déclaré qu’il avait mis les relations avec les ambassades américaines et canadiennes “sur pause” face aux critiques.

Les changements proposés

Actuellement, le système judiciaire au Mexique permet aux juges et aux secrétaires de tribunal, qui agissent comme assistants des juges, de suivre des parcours de carrière traditionnels, se qualifiant pour des postes supérieurs en fonction de leurs antécédents et autres critères.

Les changements proposés permettraient à tout avocat ayant des qualifications minimales de se porter candidat au poste de juge fédéral. Environ 7 000 juges, y compris ceux de la Cour suprême, seraient élus par le vote populaire.

Les réformes introduiraient également des “juges cagoulés” pour présider aux affaires liées au crime organisé. Leur identité resterait secrète afin de prévenir les représailles. Parallèlement, les tribunaux seraient largement dépouillés de leur pouvoir d’annuler des projets gouvernementaux ou des lois à la suite d’appels citoyens.

Dans l’ensemble, les critiques affirment que cette initiative garantirait presque certainement que le parti du président continue de jouir d’un pouvoir politique significatif longtemps après le départ de Lopez Obrador.

Une réaction des juges suprêmes

Avant le vote de mercredi, les juges de la Cour suprême ont rejoint des milliers de travailleurs judiciaires qui ont cessé le travail le mois dernier pour protester contre les réformes.

Dans une déclaration, les juges de la Cour suprême, actuellement nommés par le président puis confirmés par le Sénat, ont annoncé qu’ils entreprenaient une “suspension d’activité”. Ils ont ajouté qu’ils continueraient à examiner les affaires urgentes.

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