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Le gouvernement conservateur britannique a dépensé plus de 134 millions d’euros en systèmes informatiques et en gestion des données pour un programme d’immigration visant à expulser les demandeurs d’asile vers le Rwanda, un projet qui ne sera jamais mis en œuvre, selon des révélations de l’*Observer*.
Des dépenses massives pour un programme inopérant
Les outils numériques nécessaires à la mise en œuvre de ce programme de renvoi forcé représentent la deuxième plus grande partie des 715 millions d’euros dépensés en un peu plus de deux ans. Seule la somme de 290 millions d’euros remise directement au gouvernement de Paul Kagame vient en tête de cette liste.
Ces dépenses incluent un système de base de données pour gérer les plaintes anticipées à une « commission de surveillance », créée pour garantir le respect des lois sur les droits de l’homme, ainsi que des systèmes destinés à appliquer l’obligation légale tentée par les conservateurs de retirer les demandeurs d’asile arrivant par petites embarcations.
La réponse du gouvernement et les critiques
Peu après sa victoire lors des élections générales, le Parti travailliste a annoncé l’annulation de cette politique, la secrétaire d’État à l’intérieur, Yvette Cooper, qualifiant ce programme de « gaspillage honteux de l’argent des contribuables ». Un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur a précisé que les lois sur la protection des données avaient entraîné une augmentation des dépenses et qu’il était nécessaire de créer de nouveaux systèmes pour transmettre aux autorités rwandaises des informations biométriques, telles que les empreintes digitales.
Une analyse des coûts
Les 134 millions d’euros dépensés en programmes informatiques n’ont pas été divulgués dans le rapport de dépenses publié par le gouvernement travailliste le mois dernier, car ils étaient regroupés avec un pool plus large de 280 millions d’euros de « coûts fixes divers ». Un décompte détaillé, obtenu par l’*Observer* grâce aux lois sur la liberté d’information, révèle que 87 millions d’euros ont également été dépensés pour des employés travaillant directement sur le programme Rwanda, qui ont depuis été réaffectés à d’autres tâches.
Un autre montant de 57 millions d’euros, dépensé depuis 2022, a été classé comme « coûts de programme et juridiques », comprenant le combat judiciaire qui a conduit la Cour suprême à déclarer le programme du Rwanda illégal en 2023.
Des critiques sur l’efficacité du programme
Le syndicat des services publics et commerciaux (PCS), représentant le personnel du ministère de l’Intérieur et des frontières, a affirmé que ces sommes considérables « auraient pu – et auraient dû – être mieux dépensées pour offrir une solution sûre et humaine » aux traversées en petites embarcations dans la Manche. Le secrétaire général Fran Heathcote a déclaré : « Comme nous l’avions dit à l’époque, le programme du Rwanda de l’ancien gouvernement ne ferait jamais cesser les bateaux – c’était uniquement une question de posture politique ».
Conséquences tragiques des traversées de la Manche
Les ministres conservateurs avaient affirmé que la politique du Rwanda dissuaderait les traversées de petites embarcations lorsqu’elle a été annoncée en avril 2022. Cependant, les traversées par la Manche ont atteint des niveaux record dans l’année où cette politique a été introduite, et les décès dans la Manche ont continué d’augmenter. Au moins 78 personnes ont été déclarées mortes en 2024.