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Le déclin de l’attention médiatique sur le changement climatique

by Sara
France

Les glaciers fondent et les événements météorologiques extrêmes se multiplient, et pourtant le changement climatique, médias, perception, urgence environnementale semble s’effacer peu à peu du premier plan médiatique : présent, mais souvent relégué au bruit de fond. Pourquoi cette perte d’attention malgré l’aggravation des risques ?

Baisse marquée des mentions du changement climatique dans les médias en 2024

Il y a encore quelques années, le changement climatique occupait une place centrale dans l’actualité, les émissions de débat et les réseaux sociaux. Aujourd’hui, le sujet apparaît fréquemment comme un fond sonore, présent mais moins saillant.

Ismeni Walter, professeure de journalisme environnemental, constate « un recul massif du sujet dans les médias ». Elle ajoute que, selon elle, « ma perception est que cela repose surtout sur la supposition des responsables de programme que le public ne veut plus entendre parler du sujet ».

Le phénomène est corroboré par des observations linguistiques : Lutz Kuntzsch, de la Gesellschaft für deutsche Sprache, note qu’après un pic en 2023, l’usage du mot « Klimawandel » a fortement diminué. « Ab 2002 gewann das Wort zunehmend an Bedeutung, und 2023 verzeichneten Sprachwissenschaftler einen Höhepunkt: Klimawandel tauchte in 42.310 unterschiedlichen Texten auf. 2024 hat uns dann alle überrascht », explique-t-il, et il relève « Es gab nur noch 29.159 Nennungen. Ein solcher Rückgang ist durchaus ungewöhnlich. »

Pourquoi la perception d’urgence diminue selon des spécialistes

Plusieurs chercheurs estiment que la nature diffuse et à long terme des effets climatiques complique leur appropriation par le grand public. Maren Urner, neuroscientifique, dit voir ce recul confirmé par des enquêtes : « Der Klimawandel wird als weniger dringlich und relevant wahrgenommen. Und das obwohl die Risiken und Auswirkungen immer sichtbarer werden. »

Selon elle, notre cerveau peine à maintenir une attention prolongée sur un même sujet : « Unser Gehirn ist generell nicht gut darin, die Aufmerksamkeit über lange Zeit auf eine Sache zu richten. » En conséquence, la curiosité nous pousse à chercher sans cesse de nouveaux contenus, et la crise climatique doit rivaliser avec d’autres priorités internationales comme la guerre en Ukraine, la crise énergétique ou les bouleversements politiques.

Certains experts en communication estiment par ailleurs que la manière de couvrir le sujet contribue à l’épuisement : parfois dramatisée en scénarios apocalyptiques, parfois traitée en note de bas de page, la cohérence du récit manque, ce qui peut provoquer une posture défensive chez une partie du public.

Évolution du mouvement climatique et réactions des acteurs

La mouvance climatique elle‑même a changé de contours. Des figures naguère centrales apparaissent désormais plus engagées sur d’autres fronts : Greta Thunberg, longtemps symbole de la mobilisation mondiale avec son slogan « Skolstrejk för klimatet », manifeste aujourd’hui plutôt pour « Solidarität mit Gaza », selon le constat du reportage. Ce recentrage participe à une dilution politique et médiatique du message climatique.

Ismeni Walter met en garde contre l’idée d’une « pause » dans la couverture du sujet : « Der Klimawandel macht schließlich auch keine — im Gegenteil. » Pour elle, la solution est une « konstruktiv‑kritische Berichterstattung, die zwar die Probleme benennt, aber immer auch Lösungsansätze aufzeigt. »

Les activistes tentent aussi d’ajuster le langage pour éviter la réaction réflexe du public. Lutz Kuntzsch observe que le choix des mots façonne la perception : « Worte lenken Wahrnehmung — wer ‘climate emergency’ sagt statt ‘Klimawandel’, setzt ein Zeichen. Politik und Aktivismus formen unsere Sprache — und damit unser Denken. »

Constats scientifiques et événements récents

Sur le plan scientifique, la planète continue de se réchauffer et les phénomènes extrêmes deviennent plus fréquents. Lors du congrès sur les extrêmes climatiques à Hambourg, ces tendances ont été débattues comme une réalité qui progresse « plus vite que prévu ». Le message des scientifiques reste constant : l’absence d’attention médiatique ne réduit en rien l’intensité des risques.

Le climatologue Stefan Rahmstorf met en garde : selon lui, « Ein Überschreiten der Drei‑Grad‑Marke bis 2050 sei ein « worst case » », et dans ce scénario les extrêmes météorologiques rendraient « eine geregelte Anpassung praktisch unmöglich ». Conserver la visibilité du problème dans les médias paraît donc crucial pour soutenir des politiques d’adaptation et d’atténuation.

Parallèlement, des annonces diplomatiques sont intervenues : le dirigeant chinois Xi Jinping a présenté à l’ONU des objectifs climatiques, indiquant une réduction des émissions de gaz à effet de serre pouvant atteindre jusqu’à dix pour cent d’ici 2035, selon le communiqué cité dans le reportage.

Implications pour la sensibilisation et l’action

La baisse d’attention médiatique ne signifie pas que la question disparaît ; elle remet en revanche en cause les modalités de sensibilisation et de mobilisation. Entre fatigue, concurrence de l’agenda international et fragmentation des mouvements, l’enjeu est de trouver des formats de communication et des récits capables de relier impacts, responsabilités et solutions de manière claire et durable.

Plusieurs intervenants appellent à une couverture qui nomme les problèmes sans se limiter au catastrophisme, en privilégiant des pistes concrètes d’action et d’adaptation. À court et moyen terme, la manière dont les médias traiteront le changement climatique influencera la perception publique et, potentiellement, la volonté politique de répondre à l’urgence environnementale.

Changement Climatique | Médias | Perception | Urgence Environnementale | Environnement | Sensibilisation | Urgence | France
source:https://www.zdfheute.de/wissen/klimawandel-nachrichten-medien-100.html

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