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Le livreur de presse des villages en première ligne d’Ukraine

par Sara
Ukraine, Russie

Un matin froid et brumeux de début novembre, Vassyl Myroshnyk prend la route vers le nord, en direction d’un chapelet de villages proches de la frontière russe. Chaque semaine, il assure la livraison de presse en Ukraine pour distribuer Zorya Visnyk aux habitants exposés, souvent la seule source d’information fiable dont ils disposent.

Sur la route

La visibilité est réduite à quelques mètres, un avantage selon lui : la brume masque le véhicule et diminue le risque d’être repéré par les drones. Malgré tout, la route est étroite et ravagée, l’asphalte fragmenté par les impacts d’artillerie et le passage des engins militaires.

La plupart des automobilistes évitent ce trajet ; ceux qui circulent vont généralement vers le sud, à l’écart de la ligne de front. Vassyl, lui, poursuit vers le nord, franchissant des tronçons où la guerre a laissé des traces visibles et silencieuses.

Un journal pour les villages

Dans son coffre se trouvent des paquets du journal local Zorya Visnyk. Le titre n’est pas rentable : sa diffusion reste motivée par un impératif moral. Après avoir documenté les bombardements de civils dans sa ville natale de Zolochiv dès l’invasion de février 2022, Vassyl considère qu’il doit rétablir la vérité, village après village.

« Quand un hôpital ou une maison est touché, les autorités russes prétendent que c’étaient des cibles militaires », explique-t-il. « Restaurer la vérité est notre seule défense. » Pour de nombreux résidents, recevoir ce journal signifie rester informé d’événements qui, autrement, leur échapperaient complètement.

Dangers et réalités quotidiennes

Les villages desservis ont été coupés des services réguliers : le courrier ne passe plus et les émetteurs russes brouillent souvent les signaux téléphoniques ukrainiens, rendant les communications instables. Avant le renforcement du brouillage pour contrer les drones, les chaînes russes étaient accessibles sur les postes de télévision et les radios locales.

La distribution reste dangereuse. Malgré le risque, Vassyl insiste sur l’importance de maintenir un lien d’information hebdomadaire avec ces communautés. Pour ceux qui sont restés, parfois une minorité, le journal représente un fil tangible vers le reste du pays.

La détermination d’un éditeur-livreur

Pour Vassyl, l’action est autant personnelle que civique : témoigner, rapporter, informer. Il sait que son travail n’est pas lucratif, mais il refuse de laisser le récit de ces villages aux seules versions ennemies.

Alors que la brume se dissipe, il remet le moteur en marche et continue sa route vers le nord, déterminé à livrer le bulletin suivant et à préserver, page après page, la mémoire et l’information des premières lignes.

source:https://www.aljazeera.com/features/longform/2025/12/30/the-ukrainian-man-fighting-russian-lies-with-his-front-line-newspaper

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