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Le Maroc se positionne résolument sur l’éducation à l’intelligence artificielle (IA), une initiative qui vise à préparer une génération apte à comprendre et à encadrer les multiples usages de cette technologie. La décision d’intégrer l’IA dans le système éducatif marocain s’inscrit dans une dynamique mondiale, où des pays tels que les États-Unis, l’Italie, la Corée du Sud et les Émirats arabes unis empruntent le même chemin ambitieux.
Un atout majeur : une jeunesse connectée
Le Maroc possède de nombreux atouts. Sa jeunesse, connectée, curieuse et avide d’innovation, représente une ressource précieuse. Des pôles numériques émergent dans des villes comme Casablanca, Rabat et Benguerir. Ce dynamisme est soutenu par une volonté politique affirmée, illustrée par la stratégie numérique nationale et le Nouveau Modèle de Développement.
Les défis de l’éducation actuelle
Cependant, l’intelligence artificielle n’est pas encore enseignée ni institutionnalisée dans les écoles marocaines, même sous forme d’initiation. Cette situation pose des risques notables : d’une part, la formation d’utilisateurs passifs, dépendants de technologies développées ailleurs, et d’autre part, l’accentuation de la fracture numérique et sociale, marginalisant ainsi les populations moins connectées.
Une stratégie éducative nationale nécessaire
Il est impératif de construire une stratégie éducative nationale sur l’IA, visant à renforcer la souveraineté numérique du Maroc, à réduire les inégalités et à former des citoyens responsables, critiques et créatifs. Cette stratégie devra être inclusive, respecter le multilinguisme et intégrer des valeurs éthiques telles que la solidarité et le développement durable.
Intégration de l’IA dans le curriculum
L’intégration de l’intelligence artificielle doit être une priorité dans les réformes curriculaires. Un groupe de travail interministériel, rassemblant les ministères concernés, doit piloter une feuille de route. Des projets pilotes pourraient démarrer dès 2025 dans divers établissements, accompagnés d’investissements pour la formation des enseignants et la traduction des contenus pédagogiques.
Proposition d’une approche progressive
L’enseignement de l’IA ne peut se limiter à quelques heures annuelles. Une intégration hebdomadaire et progressive dès le primaire est recommandée. Deux heures par semaine permettraient d’éveiller la curiosité des enfants vis-à-vis de la logique, des algorithmes simples et des objets intelligents, en lien avec les sciences et les mathématiques.
Pour le collège, quatre heures par semaine seraient nécessaires pour introduire les bases de la programmation et les enjeux éthiques liés à l’IA, via des ateliers pratiques et des études de cas. Au lycée, six heures hebdomadaires, avec une spécialisation possible, approfondiraient des concepts avancés comme l’apprentissage automatique et le traitement de données.
Vers une culture informatique solide
Pour que cette formation soit efficace, elle doit s’articuler autour d’une véritable culture informatique. L’enseignement des fondamentaux – logique, algorithmique, structures de données, programmation – est essentiel. Il est crucial de dépasser la simple utilisation d’outils bureautiques pour enseigner de manière approfondie les bases de l’informatique et de l’intelligence artificielle.
Une vision stratégique pour l’avenir
Former une génération au fait de l’IA ne doit pas être perçu comme une mode passagère. C’est une vision à long terme qui garantira au Maroc une place active dans les économies et sociétés de demain. Ce projet éducatif, économique et civilisationnel nécessite un choix audacieux, lucide et responsable.