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Au cœur de la province chinoise du Hebei, un message inhabituel pour la presse locale : « Habemus papam ». Ce dimanche 27 avril, dans la sacristie de Notre-Dame-de-Lourdes de Shijingshan, une église catholique officiellement reconnue, le prêtre Ren Lijun dispensait une leçon de latin à ses fidèles, en lien avec l’actualité pontificale. Ce moment de recueillement a permis aux croyants d’exprimer un hommage rare et sincère envers le pape François, reflet d’un climat particulier au sein de l’Église officielle en Chine.
Un hommage discret mais significatif
Dans la périphérie de Pékin, la presse chinoise a relayé des informations exclusivement positives à propos du pape François, un contraste marqué par rapport aux critiques souvent adressées à d’autres dirigeants internationaux. Une fidèle confie ainsi : « Toutes les informations à propos du pape publiées dans la presse chinoise sont positives ! Il n’y a pas eu de critique comme celles adressées à d’autres leaders ». Son interlocutrice ajoute : « C’est parce que c’est un symbole de paix et l’héritier de saint Pierre, c’est aussi simple que ça ». Pourtant, au-delà de ces marques de respect populaires, les relations diplomatiques entre la Chine et le Saint-Siège restent caractérisées par la prudence et la distance : ni le chef d’État chinois ni aucun évêque officiel n’ont assisté aux funérailles du pontife argentin le 26 avril dernier.
Un contexte religieux complexe en Chine
La Chine ne reconnaît pas l’autorité du Vatican sur l’Église catholique présente sur son sol, ce qui crée une double réalité pour les catholiques chinois. D’un côté, il y a l’Église dite « souterraine », fidèle à Rome et regroupant des évêques nommés par le pape mais non reconnus officiellement par Pékin. De l’autre, l’Église officielle, qui voit ses évêques choisis par le pouvoir chinois, en lien avec les orientations de l’État.
Le pape François s’est efforcé d’amorcer un rapprochement historique avec la Chine par le biais d’un accord confidentiel signé en 2018, portant sur la nomination conjointe des évêques. Cet accord, régulièrement renouvelé, vise à réduire la fracture entre ces deux Églises rivales et à unifier les catholiques chinois sous une même autorité. Toutefois, cette initiative reste source de tensions internes au Vatican, certains accusant le pontife d’avoir sacrifié les fidèles de l’Église « souterraine », qui ont subi persécutions et maintenu leur fidélité à Rome, au profit d’une politique de compromis avec Pékin.
Un héritage durable malgré les défis
Le passage du pape François a marqué un tournant dans les relations entre le Vatican et la Chine, même si la prudence et la méfiance perdurent. Son image, perçue comme celle d’un artisan de paix et d’un héritier spirituel de saint Pierre, continue d’inspirer les catholiques chinois, en particulier au sein de l’Église officielle. La reconnaissance publique et les hommages exprimés par les fidèles dans les lieux comme Notre-Dame-de-Lourdes témoignent de cet impact.
Alors que le Vatican maintient sa position délicate entre dialogue et fidélité, le contexte religieux chinois reste un terrain d’équilibre fragile où se joue l’avenir du catholicisme dans un des pays les plus peuplés au monde.