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Le Royaume-Uni en Cour pour l’exportation de composants F-35 vers Israël
Le gouvernement britannique fait face à un recours devant la Haute Cour concernant l’exportation de composants destinés aux avions de chasse F-35 utilisés par Israël. À l’origine de l’affaire, Al-Haq, une organisation palestinienne de défense des droits, et le Global Legal Action Network (GLAN).
Contexte de l’affaire
En septembre 2024, le Royaume-Uni a suspendu environ 30 licences d’exportation d’armes sur 350 vers Israël, après une révision révélant un « risque clair » que certains équipements militaires pourraient être utilisés pour des violations du droit international humanitaire, selon le Foreign, Commonwealth and Development Office.
Cependant, une exception a été faite pour les composants des avions F-35, justifiée par l’importance stratégique du programme F-35 pour la sécurité internationale. Le gouvernement a assuré que ces pièces ne seraient pas envoyées directement à Israël.
Al-Haq et GLAN contestent cette décision, affirmant que le gouvernement britannique contourne la loi nationale et internationale en permettant la fourniture de ces composants via des stocks mondiaux et des pays partenaires du programme F-35, malgré les conclusions de la Cour Internationale de Justice sur le risque plausible de génocide contre les Palestiniens à Gaza.
Le Royaume-Uni fournirait environ 15 % des composants des F-35 utilisés par Israël.
Cette affaire a pris une nouvelle ampleur après qu’un rapport publié en mai 2025 par le Palestinian Youth Movement, Progressives International et Workers for a Free Palestine ait indiqué que des pièces F-35 continueraient d’être envoyées directement à Israël, malgré la suspension annoncée en septembre 2024.
Déroulement du procès
Le procès, prévu pour durer quatre jours à partir de mardi, s’inscrit dans un contexte où l’offensive israélienne à Gaza se poursuit avec le soutien d’avions F-35, ayant déjà fait plus de 61 700 victimes.
Les juges de la Haute Cour devront déterminer si la décision gouvernementale de suspendre certaines mais pas toutes les licences d’exportation vers Israël est conforme à la loi. L’examen se concentrera en particulier sur l’exception accordée aux pièces des F-35.
Les plaignants réclament la suspension urgente de toutes les exportations d’armes vers Israël, accusant le Royaume-Uni de complicité dans le génocide commis contre les Palestiniens.
Arguments des plaignants
- Al-Haq et GLAN ont demandé un examen judiciaire en décembre 2023, invoquant les violations des droits des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie occupée.
- Ils soutiennent que les F-35 ont vraisemblablement participé à des crimes de guerre.
- Jennine Walker, avocate représentant Al-Haq, explique que « Israël utilise les F-35 pour bombarder des civils, notamment lors de l’attaque du 18 mars qui a rompu le cessez-le-feu, ce qui n’aurait pas été possible sans le soutien britannique ».
- Elle rappelle que des centaines de civils ont péri ce jour-là, soulignant la présence de pièces britanniques dans chaque F-35.
Position du Royaume-Uni
Le porte-parole du Foreign Office a déclaré que le gouvernement avait suspendu les licences susceptibles d’être utilisées pour des violations graves du droit humanitaire à Gaza.
Il précise que la majorité des licences restantes concernent des usages civils ou la réexportation, et ne sont donc pas impliquées dans le conflit.
Le gouvernement justifie l’exception pour le programme F-35 par son rôle stratégique au sein de l’OTAN et ses implications pour la paix et la sécurité internationales.
Il rejette toute accusation selon laquelle le Royaume-Uni autoriserait d’autres armes à être utilisées par Israël dans la guerre à Gaza.
Autres acteurs impliqués
- Oxfam, Human Rights Watch et Amnesty International apportent leur soutien en fournissant des preuves écrites à la cour.
- Oxfam se base sur la documentation des destructions causées par les tirs israéliens sur les infrastructures sanitaires et d’assainissement de l’eau.
- Akshaya Kumar, directrice de la défense des droits chez Human Rights Watch, évoque la responsabilité pénale des fournisseurs d’armes, en référence au tribunal des crimes de guerre en ex-Yougoslavie.
- Elizabeth Rghebi, directrice du plaidoyer MENA chez Amnesty International USA, dénonce le refus de certains États de respecter les obligations juridiques internationales, ou leur argument selon lequel la structure du programme F-35 empêche l’application des contrôles sur l’utilisateur final, rendant le programme incompatible avec le droit international.
Impact des frappes aériennes israéliennes à Gaza
L’offensive militaire israélienne actuelle a débuté après l’attaque de Hamas le 7 octobre 2023, qui a causé 1 139 morts et plus de 200 otages en Israël.
Israël n’a pas atteint son objectif déclaré d’éliminer Hamas, mais ses bombardements aériens, notamment par des F-35, ont détruit des infrastructures civiles essentielles : hôpitaux, écoles, universités, bibliothèques, mosquées et églises.
Le professeur émérite Paul Rogers de l’université de Bradford compare l’intensité des bombardements à certains des pires exemples de la Seconde Guerre mondiale, notant que la concentration de puissance de feu dans une zone aussi réduite est exceptionnellement dévastatrice pour les civils.
Situation humanitaire à Gaza
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne les graves conséquences sur le système de santé de Gaza, affecté par la destruction systématique des hôpitaux, le blocage des fournitures médicales et la détention de médecins.
Les frappes aériennes combinées à la pénurie de médicaments, nourriture, eau et carburant ont presque anéanti un système de santé déjà fragile.
Selon l’OMS, 90 % des logements à Gaza ont été détruits ou endommagés, et une majorité similaire des établissements scolaires nécessitent une reconstruction complète ou une réhabilitation majeure.
Illustration
Palestiniens inspectant les dégâts dans une école servant de refuge pour les déplacés, après une attaque israélienne dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de Gaza, le 12 mai 2025.