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Le compte à rebours pour les élections municipales à Baalbek-Hermel
La troisième phase des élections municipales et des conseils de secteurs dans les provinces libanaises de Baalbek-Hermel et de la plaine de la Bekaa débutera dimanche matin. Cette étape fait suite à la tenue des scrutins dans le Mont-Liban, Akkar et le Nord, où la participation a atteint environ 45%. Le processus électoral se poursuivra jusqu’au 24 du mois dans les provinces de Nabatiyeh et du Sud.
Ces élections se déroulent dans un contexte de raids israéliens répétés dans la Bekaa et le Sud, malgré la mise en œuvre d’un accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël depuis novembre dernier. Elles interviennent également peu après l’élection du général Joseph Aoun au poste de président en janvier, ce qui confère à ce scrutin un caractère de défi et de résilience, protégeant la communauté locale et préparant la reconstruction des zones détruites, selon Mohammad Al-Khashan, cadre du mouvement Amal.
Un enjeu crucial pour la reconstruction locale
Dans les deux districts de Baalbek-Hermel, limitrophes de la frontière syrienne, 2083 candidats briguent 84 conseils municipaux. Le nombre de membres par conseil varie entre 9 et 15 sièges, sauf pour Baalbek qui en compte 21. La répartition confessionnelle de ces 352 631 électeurs est la suivante :
- 75 % chiites
- 14 % sunnites
- 11 % chrétiens
Mohammad Al-Khashan a confirmé que le mouvement Amal et le Hezbollah présentent leurs listes en coordination, incluant des candidats issus de familles et tribus locales. L’objectif est de constituer des conseils capables de contribuer activement à la reconstruction de milliers de logements détruits à Baalbek, Hermel, la Bekaa-Ouest et le Sud.
Il a qualifié les dégâts subis à Baalbek et dans ses villages environnants de « catastrophiques » suite aux agressions israéliennes. Pour lui, la tenue de ces élections, même sous les décombres, représente une fête nationale marquant la volonté de résistance malgré les récents raids dans le Sud.
Il espère que la nouvelle présidence facilitera la phase post-électorale en simplifiant les procédures administratives pour les victimes souhaitant reconstruire leurs maisons. Les conseils municipaux à venir auront la responsabilité de créer un cadre propice à ces travaux, en attendant un projet de reconstruction financé adéquatement.
Le cas de la Bekaa : un processus électoral distinct
La province de la Bekaa comprend trois districts : Zahle, la Bekaa-Ouest et Rashaya, avec 344 063 électeurs appelés à choisir 231 membres pour 87 conseils municipaux. Le conseil municipal de Zahle, la plus grande ville de la province, compte 21 sièges. Zahle est un centre administratif et touristique important pour la communauté catholique d’Orient, situé à 55 km de Beyrouth et à 10 km de la frontière syrienne.
Roger Zelaket, avocat et ancien président du district des Phalanges libanaises à Zahle, explique que les alliances électorales municipales diffèrent des coalitions politiques classiques au Mont-Liban. Par exemple, les Phalanges et le parti des Forces libanaises sont en concurrence à Zahle, contrairement à leurs alliances dans d’autres provinces.
Il ajoute que le duo chiite Amal-Hezbollah adopte une posture neutre à Zahle, ne s’ingérant pas dans les élections de cette capitale catholique, ce qui contraste avec leur alliance avec le Courant patriotique libre dans d’autres régions.
Enfin, Zelaket dément toute projection des résultats municipaux sur les alliances pour les législatives de l’année prochaine, soulignant que la priorité commune reste le développement et le soutien à la nouvelle présidence dans un contexte de reconstruction nationale.
Une dynamique de développement et de décentralisation
Selon Salah Taqieddine, écrivain et analyste politique, le taux de participation de 44 % au Mont-Liban témoigne d’une volonté populaire de concrétiser les promesses faites lors du discours de prestation de serment du président Joseph Aoun. Il souligne :
- La restauration du rôle des conseils municipaux est essentielle pour la construction d’un État fonctionnel.
- La participation dans la Bekaa devrait être au moins équivalente, voire supérieure.
Il insiste sur le fait que des conseils municipaux forts sont indispensables pour répondre aux enjeux économiques, environnementaux et sociaux des communautés locales. La mise en place de gouvernements locaux représentatifs constitue la première étape vers une véritable décentralisation administrative au Liban.
Cette démarche est un défi majeur face au vide institutionnel et aux agressions israéliennes persistantes depuis la Nakba de 1948.
Taqieddine note également que ces élections municipales ont vu un recul relatif des clivages partisans, avec une montée en puissance des familles locales et des candidats indépendants, notamment dans Zahle et la plupart des villages de la Bekaa.
Bien que les partis continuent d’exercer leur influence dans certaines zones, les alliances tendent à prendre un caractère plus local que politique, marquant une différence notable avec les scrutins législatifs prévus en mai prochain.