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Lecornu fragilisé par l’alliance gauche-RN sur les multinationales

by charles
France

La fiscalité des multinationales est au cœur des débats budgétaires en France, alors que le gouvernement tente de concilier les objectifs économiques et les contraintes parlementaires. Mercredi et jeudi, des votes visant les grandes entreprises ont été adoptés dans une alliance de circonstance entre la gauche et le RN, rendant plus incertaine l’adoption du budget par le camp présidentiel. Le seul consensus semble être les tensions : « La justice fiscale a laissé place à la surenchère fiscale », a mis en garde le ministre de l’Économie, Roland Lescure, et le Premier ministre s’est inquiété devant les sénateurs d’une déconnexion entre le débat fiscal et « la question économique générale et globale ». Dans ce cadre, la perspective d’un « impôt universel » sur les bénéfices des multinationales a alimenté les critiques et les débats, certains invoquant une manne estimée à 26 milliards d’euros, d’autres l’estimant contraire à la loi et nuisible à l’économie.

Lecornu fragilisé par l’alliance gauche-RN sur les multinationales

Le vote mardi par une alliance de la gauche et du RN d’un « impôt universel » sur les multinationales, pour lutter contre l’évasion et l’optimisation fiscale, a marqué un tournant dans le calendrier budgétaire. Une mesure censée rapporter 26 milliards d’euros, selon ses défenseurs, mais jugée inopérante, contraire à la législation et néfaste pour l’économie française par le gouvernement. Marine Le Pen, pointée du doigt par la droite pour son soutien, a défendu la mesure: « Il s’agit juste de faire respecter la loi », selon elle. « Pour l’instant, ce qui a été voté » à l’Assemblée dans le cadre de l’examen du budget de l’État n’est « pas honteux, contrairement aux hurlements du gouvernement », a enfoncé la cheffe des députés RN.

Dans l’après-midi, les députés ont continué d’adopter des mesures visant les grands groupes. Là encore, ce sont les votes réunis de la gauche et du RN qui ont permis l’adoption d’une mesure portée par La France insoumise (LFI) visant à élargir le champ d’application de l’impôt minimum de 15 % sur les bénéfices des multinationales. C’est « une autoroute vers le contentieux », qui fragiliserait les efforts coordonnés avec l’OCDE pour lutter contre l’évasion fiscale, a fustigé dans l’hémicycle le ministre de la Fonction publique, David Amiel. « On assume à 100 % » ce vote, a martelé le député RN Jean-Philippe Tanguy.

\"Débat
Vote et débats autour de l’impôt sur les multinationales à l’Assemblée.

Mercredi matin, le président du parti Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, avait dénoncé une « folie fiscale » et « le coût de la stabilité politique exorbitant ». Le chef des députés MoDem, Marc Fesneau, estime aussi que le texte « devient totalement invotable ». À l’issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, avait relativisé les votes de la veille, rappelant qu’on n’est « qu’au tout début du processus parlementaire ». « Il y a encore du travail », a d’ailleurs reconnu Maud Bregeon.

Impact sur le budget et les débats parlementaires

La séquence parlementaire a été marquée par plusieurs revers pour le gouvernement: le RN a réussi à faire adopter de justesse un amendement pour alourdir la taxation sur les rachats d’actions afin de lutter contre la spéculation, tandis que les députés de gauche se sont pour la plupart abstenus. Puis c’est La France insoumise qui a avancé, lors d’un vote très serré, un amendement instaurant une taxe exceptionnelle sur les superdividendes. Ces votes ne devraient pas faciliter la tâche de Sébastien Lecornu.

Dans le même temps, le rassemblement des oppositions a multiplié les mises en garde: mercredi, Bruno Retailleau a dénoncé une « folie fiscale », et « le coût de la stabilité politique exorbitant ». Le gouvernement a répliqué, estimant que le texte reste au cœur d’un processus complexe et qu’un recours à des mesures exceptionnelles n’est pas écarté selon l’évolution des discussions. Maud Bregeon a rappelé qu’on est « au tout début du processus parlementaire », et que d’autres amendements pourraient être présentés pour trouver des compromis.

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Les débats sur le budget 2026 se poursuivent à l’Assemblée.

En perspective, des scénarios alternatifs avancés par des cadres de la coalition, tels que le maintien d’une loi budgétaire par ordonnances ou l’utilisation d’une loi spéciale pour reconduire les impôts et dépenses actuels, illustrent l’incertitude. Les groupes politiques ont aussi accepté de retirer certains amendements pour accélérer les débats, dans l’espoir d’éviter un blocage complet et de préserver une certaine continuité budgétaire en 2026.

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