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L’ex-président équatorien Lenín Moreno est renvoyé en procès pour des accusations liées à un présumé système de pots-de-vin concernant la construction de la centrale hydroélectrique Coca Codo Sinclair. La décision a été prise lundi par le juge Olavo Hernández, qui a estimé que les poursuites pouvaient se poursuivre contre l’ancien chef de l’État, en poste de 2017 à 2021.
Décision judiciaire
Le juge Olavo Hernández a rendu la décision d’envoyer Lenín Moreno devant un tribunal pour répondre des charges de corruption. Dans son ordonnance, il a déclaré que les éléments présentés suffisaient à caractériser la participation directe de Moreno dans le crime de pots-de-vin.
Moreno a nié toutes les allégations. Il réside actuellement au Paraguay et a dénoncé publiquement ce qu’il considère être une procédure injuste à son encontre.
Les accusations et leur origine
Les poursuites prennent racine dans une enquête de longue durée portant sur la construction de la plus grande centrale hydroélectrique du pays. Selon les procureurs, les actes illégaux auraient commencé alors que Lenín Moreno était vice-président, entre 2007 et 2013.
Les autorités l’accusent d’avoir exercé son influence pour favoriser le groupe chinois Sinohydro dans l’obtention de contrats publics destinés à la construction de la centrale Coca Codo Sinclair, mise en service en 2016.
- Période visée par les versements présumés : 2009–2018.
- Montant allégué des pots-de-vin : environ 76 millions de dollars.
- Prêts chinois liés à Coca Codo Sinclair et autres projets : près de 19 milliards de dollars.
Allégations de réseau de corruption
La procureure générale de l’époque, Diana Salazar, a affirmé que la famille de Lenín Moreno entretenait des liens d’affaires avec Sinohydro. Elle a accusé Moreno et des proches d’avoir constitué un « réseau de corruption » aux dimensions nationales et transnationales.
Selon ces accusations, des services de conseil et de représentation fictifs auraient été utilisés pour canaliser des pots-de-vin par le biais de cadeaux, de chèques et de transferts.
Réaction de Lenín Moreno
Face aux accusations, Lenín Moreno a maintenu son innocence. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, il a déclaré avoir remis toutes les preuves au bureau du procureur et affirmé que rien ne démontrait qu’il ait reçu « un seul centime ».
Il a également dénoncé ce qu’il qualifie de « terrible persécution » orchestrée, selon lui, par les forces du correísmo, le mouvement politique inspiré par l’ancien président Rafael Correa.
Contexte politique et héritage
Lenín Moreno avait été vice-président sous Rafael Correa, leader du mouvement dit « correísta ». En 2017, Moreno s’est présenté sous la bannière de l’alliance PAIS et a remporté la présidence après que Correa, limité par la loi, n’a pas pu se représenter.
Au cours de son mandat, Moreno s’est éloigné de certaines politiques de droite du correísmo en menant des réformes d’orientation centre-droit, ce qui a creusé l’écart entre lui et Correa. Depuis, les deux hommes se sont transformés en critiques mutuels et influents opposants politiques.
Problèmes techniques et retombées économiques
La centrale Coca Codo Sinclair, depuis son ouverture, a rencontré des problèmes techniques, notamment des fissures dans sa construction, ce qui a alimenté les interrogations sur la qualité des travaux et la supervision du projet.
Sur le plan financier, les prêts contractés auprès de la Chine pour Coca Codo Sinclair et d’autres infrastructures ont soulevé des débats sur l’endettement du pays. En 2024, le produit intérieur brut de l’Équateur était estimé à environ 124,7 milliards de dollars, selon la Banque mondiale, soulignant l’ampleur des prêts par rapport à l’économie nationale.
Calendrier et enjeux du procès
La décision du juge ouvre la voie à un procès qui devrait examiner en détail les liens présumés entre responsables publics, membres de la famille de Moreno et la société étrangère impliquée dans la construction de la centrale.
Les prochaines étapes judiciaires détermineront si les éléments rassemblés par les enquêteurs suffiront à établir la culpabilité de Lenín Moreno. L’affaire s’inscrit dans un contexte politique tendu où s’entremêlent questions judiciaires, enjeux économiques et rivalités partisanes.