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Les activistes soudanais pris pour cible par les belligérants?.
Le 23 mars, les Forces de soutien rapide (RSF), une force paramilitaire soudanaise, ont arrêté des activistes du quartier de Sharq al-Nile dans la capitale en guerre, Khartoum, alors qu’ils supervisaient des cuisines populaires approvisionnant quotidiennement des milliers de personnes affamées.
Les récentes arrestations à Khartoum ne sont que le reflet d’une stratégie plus large des RSF et des Forces armées soudanaises (SAF) – qui se disputent le pouvoir dans le pays – visant à réprimer les acteurs de la société civile en arrêtant des volontaires, en limitant l’accès à l’aide et en entravant l’arrivée des secours, selon les volontaires locaux et les groupes d’aide.
« D’autres arrestations pourraient affecter les nombreux pauvres qui dépendent des [cuisines populaires] pour survivre », a déclaré Musab Mahjoub, un observateur des droits de l’homme à Sharq al-Nile, à Al Jazeera alors qu’une famine nationale plane.
Les gens montent dans un camion pour quitter Khartoum le 19 juin 2023, avant une conférence internationale pour lever des fonds pour l’aide humanitaire [Photo AP]
Régler des comptes
Lorsque la guerre civile a éclaté au Soudan le 15 avril de l’année dernière, des membres des comités de résistance – des groupes locaux pro-démocratie qui ont joué un rôle essentiel dans la chute de l’ancien président Omar al-Bachir – ont mis en place des « salles de réponse d’urgence » (ERRs).
Les ERR ont commencé comme des initiatives locales chargées d’évacuer les personnes vulnérables des quartiers où se déroulaient des affrontements et de prodiguer les premiers soins aux blessés.
Au fil du temps, les ERR se sont distinguées des comités de résistance et ont commencé à solliciter des dons de l’étranger pour nourrir leurs communautés affamées. Mais elles font désormais face à des menaces similaires à celles d’autres activistes civils au Soudan.
Des volontaires travaillant dans les zones contrôlées par les RSF affirment que le total chaos les place constamment dans la crainte d’arrestations arbitraires, de passages à tabac ou de viols.
D’autres activistes ERR, opérant dans les zones contrôlées par les SAF, disent être ciblés par les services de renseignement militaire et des factions de sécurité liées au « Kizan » – un nom commun pour les membres du mouvement politique islamique soudanais qui ont gouverné aux côtés d’al-Bachir pendant trois décennies.
Obstruction de l’aide alimentaire
Des semaines après le début de la guerre, les agences des Nations Unies et les groupes d’aide mondiaux évacués de Khartoum ont finalement établi des bureaux sur le terrain à Port-Soudan, sur la mer Rouge – la capitale administrative de facto des SAF maintenant – ce qui a permis à l’armée de contrôler la réponse humanitaire, ont indiqué des groupes d’aide à Al Jazeera.
Depuis lors, l’armée a sévèrement restreint les agences des Nations Unies et les groupes d’aide pour livrer des secours dans les régions contrôlées par les RSF, selon ces groupes d’aide.
« Je crains qu’il n’y ait une position politique sous-jacente en général, de l’armée, pour affamer certaines parties du pays pour des raisons directes ou indirectes et pour détourner l’aide ailleurs », a déclaré le directeur pays d’une organisation de secours internationale, qui a requis l’anonymat par crainte de perdre encore plus l’accès pour fournir de l’aide.
Des partisans de la résistance populaire armée soudanaise, qui soutiennent l’armée, à Gadarif, dans l’est du Soudan, le 3 mars 2024 [AFP]
Impératif humanitaire?
Un travailleur humanitaire occidental au Soudan, non autorisé à parler en raison de la sensibilité du sujet, a déclaré à Al Jazeera que les agences des Nations Unies et d’autres groupes mondiaux d’aide devraient privilégier leur « impératif humanitaire » au respect de la souveraineté des autorités militaires de facto du Soudan.
Pendant des mois, les organisations mondiales de secours et les agences des Nations Unies ont fait pression pour obtenir l’accès à la livraison d’aide depuis deux frontières terrestres via le Soudan du Sud et le Tchad. Mais en mars, le ministère des Affaires étrangères soudanais aligné sur l’armée a révoqué l’autorisation du Programme alimentaire mondial (PAM) de fournir de la nourriture au Darfour occidental et central depuis la ville tchadienne d’Adre.
Le ministère a invoqué des raisons de sécurité, mentionnant que la frontière avait été utilisée pour des transferts d’armes aux RSF.