Les artistes d’Amiens refusent de travailler pour une gendarmerie

Un appel d’offres lancé par le ministère de l’Intérieur a provoqué une levée de boucliers à Amiens. Cette initiative vise à décorer un futur centre de formation de la gendarmerie nationale pour un montant de 38 000 euros, suscitant des critiques de la part d’associations et d’élus locaux.

Un appel d’offres contesté

Le 27 mai, le ministère a publié un appel d’offres pour embellir un bâtiment qui sera consacré à la lutte contre l’immigration irrégulière et clandestine, situé dans le quartier sud-ouest d’Amiens. Ce projet est lié à la création d’un « centre de formation » à la caserne Garin, qui fait partie d’un ensemble d’infrastructures de la gendarmerie.

Pour cette somme, un ou plusieurs artistes seraient chargés d’orner les murs de ce centre, ce qui a engendré de vives réactions de la part de syndicats, d’associations et d’élus qui dénoncent un usage dévoyé de l’art.

Des critiques sur l’usage de l’art

Les opposants à ce projet soulignent que l’art ne devrait pas être associé à des structures ayant pour objectif de renforcer les politiques anti-immigration. Selon eux, cette initiative pourrait être perçue comme une tentative de légitimer des pratiques jugées controversées dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine.

Ce « marché de décoration » s’inscrit dans une obligation légale, en vigueur depuis 1951, qui impose aux maîtres d’ouvrage publics de consacrer 1 % du coût de leurs constructions à des œuvres d’art. Cependant, la nature du projet soulève des questions éthiques et morales.

Réactions des artistes et de la communauté

De nombreux artistes et membres de la communauté culturelle d’Amiens ont exprimé leur refus de participer à ce projet, déclarant que l’art ne devrait pas être instrumentalisé pour des objectifs liés à la répression ou au contrôle des populations.

Les débats autour de cette question mettent en lumière les tensions croissantes concernant les politiques migratoires et leur représentation dans l’espace public, suscitant un véritable débat sur le rôle de l’art dans la société contemporaine.