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Les Croyances des Toraja en Indonésie : Célébrer la Vie et la Mort
La tribu Toraja d’Indonésie croit que la mort est l’événement le plus précieux de la vie, perçue non pas comme une fin, mais comme une transition vers une nouvelle vie appelée « Boya ». Ils honorent leurs défunts, convaincus que ce respect assure une récolte abondante de riz.
Bien que de nombreux Toraja aient adopté le christianisme, leurs rituels tribaux demeurent ancrés dans leur culture et leur quotidien. En tant que communauté agraire, ils pratiquent l’autosuffisance.
Origine et Géographie des Toraja
Les Toraja constituent un groupe ethnique vivant dans les zones montagneuses de l’île de Sulawesi, au sud d’Indonésie, avec une population estimée à plus d’un million d’habitants, certains sources évoquant jusqu’à trois millions.
Environ 500 000 membres résidant dans les villages ancestraux conservent les traditions de la tribu appelées « Aluk To Dolo ». Les Toraja sont l’une des plus grandes minorités d’Indonésie, vivant dans un cadre naturel sublime de collines verdoyantes et de rizières.
La majorité des Toraja pratique le christianisme, tandis que d’autres sont musulmans. Toutefois, ils considèrent leurs rituels comme des traditions culturelles plutôt que religieuses. Les musulmans participent également à ces cérémonies mais ne les pratiquent pas.
Histoire des Toraja
Les Toraja descendent de migrants venus du sud de l’Asie, s’établissant dans les hauteurs de Sulawesi. Ils parlent diverses langues de la famille austronésienne.
Historiquement, leur société était structurée de manière hiérarchique, dominée par l’aristocratie. Cependant, cette structure a été perturbée par le colonialisme et l’introduction de différentes religions.
Avant l’arrivée de l’islam et du christianisme, les Toraja pratiquaient des croyances spirituelles appelées « Aluk To Dolo », basées sur le respect des ancêtres et la croyance en la vie après la mort.
Les Croyances des Toraja
Les Toraja croient que leurs nobles descendants de créatures célestes sont descendus sur terre par un « escalier céleste ». Ils estiment que l’énergie de la terre doit perdurer par des rituels de célébration de la vie et de la mort, en relation avec les saisons des récoltes de riz.
Ils vénèrent les buffles d’eau, considérant que leurs maisons ressemblent aux cornes de ces animaux. Les défunts ne sont pas enterrés dans la terre, mais placés dans des cavernes ou sur des collines, car la terre est considérée comme sacrée.
Les âmes des défunts restent parmi les vivants jusqu’à la cérémonie funéraire, après quoi elles commencent leur voyage vers le monde spirituel.
Le Mort et la Vie
Pour les Toraja, un défunt n’est pas vraiment mort tant que la cérémonie de funérailles n’a pas eu lieu. Le corps est conservé à la maison pendant des jours, des semaines, voire des mois, et est traité comme s’il était encore vivant.
La momification du corps commence immédiatement, avec des familles apportant nourriture et boissons, leur parlant et les bichonnant. Les corps étaient autrefois préparés avec des produits naturels, mais de nombreux Toraja utilisent maintenant des injections de formaldéhyde.
Les funérailles peuvent prendre des années à organiser, nécessitant des préparations minutieuses et des fonds considérables.
Les Funérailles chez les Toraja
Les funérailles, qui durent environ 12 jours, ont pour objectif d’accompagner l’âme du défunt vers l’au-delà, connu sous le nom de « Boya ». Plus le défunt était riche, plus les funérailles sont opulentes, attirant des foules importantes.
Des dons, souvent sous forme d’argent ou de cigarettes, sont offerts par les visiteurs, tandis que la famille procède à un grand nombre d’offrandes, notamment des buffles, des cochons, et d’autres animaux, pour préparer des festins.
Les célébrations ressemblent à des mariages, incorporant danses traditionnelles, rituels et musique, rendant la cérémonie festive, ponctuée de feux d’artifice.
Rituels de Enterrement
À l’issue des célébrations, le corps est transporté dans un cercueil et placé dans une grotte. Les défunts sont classés selon leur statut social, et des statues appelées « Tau Tau » sont placées avec eux.
Aujourd’hui, les caveaux en ciment sont souvent utilisés au lieu des anciennes cavernes. Les enfants, considérés comme sacrés, sont enterrés dans les arbres, suivant une croyance que cela leur permet de rejoindre le ciel.
Célébration de « Manini »
Les Toraja célèbrent chaque année un événement appelé « Manini », un rituel de nettoyage et de réapparition des corps pour maintenir le lien entre les ancêtres et les générations actuelles.
Le festival a lieu tous les un à trois ans, souvent après la récolte du riz, impliquant des mois de préparation, où la famille achète de nouveaux vêtements pour le défunt et se procure des provisions pour la cérémonie.
Le cérémonial commence par le transport du corps de la tombe, suivi de son nettoyage et de son habillage. Les familles doivent également aller chercher le corps dans le lieu où il est mort, et ne doivent pas s’écarter du chemin droit pour éviter les esprits malveillants.
Les Statues « Tau Tau »
Les « Tau Tau » sont des statues en bois ou en bambou sculptées pour ressembler au défunt. Leur coût peut atteindre 15 millions de roupies indonésiennes (environ 1 000 dollars), et elles sont considérées comme un moyen de transmettre l’esprit des défunts.
Ces pratiques ont émergé au XIXe siècle, initialement en tant que symbole de richesse. Les statues doivent respecter le statut social du défunt pour que son esprit repose en paix.