Les parents de Mathis, tué à 19 ans début novembre à Lille par un conducteur ayant consommé du protoxyde d’azote, réclament une loi interdisant spécifiquement de conduire après ingestion du produit et demandent plus de sévérité lors du jugement. Leur avocat a rappelé cette position vendredi, alors que les obsèques et une marche blanche sont prévues dans la région. De nombreux hommages ont été déposés près du lieu de l’accident, où des passants se recueillent encore. Pour les proches, il s’agit d’un combat pour la vérité et la rapidité de la justice, selon Me Régley, l’avocat.

Obsèques, marche blanche et messages de soutien
Les obsèques sont prévues lundi dans l’intimité familiale et une marche blanche est organisée mardi à 14 heures à Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, où réside la famille. Selon Me Antoine Régley, avocat des parents, ces rassemblements s’inscrivent dans une étape de deuil et de demande de justice. « Après le temps de l’hommage et du recueillement, viendra celui des combats pour que justice soit rendue », a-t-il déclaré dans un communiqué. Les proches demandent « la vérité » et « la rapidité » pour que le suspect, interpellé peu après les faits, ne soit pas libéré avant le procès.
Ils souhaitent également la « sévérité », déplorant que l’homme, mis en examen pour homicide routier et placé en détention provisoire, risque un maximum de 10 ans de prison, et que la consommation de protoxyde d’azote ne soit pas punie par la loi.
Ils veulent rencontrer le ministre de la Justice Gérald Darmanin « pour lui faire des propositions concrètes », dont celle de « légiférer sur la consommation de protoxyde d’azote au volant », afin de l’interdire et d’en faire « un chef de prévention autonome ». Le Sénat a voté en mars la pénalisation de l’usage détourné du protoxyde d’azote ou « gaz hilarant », sans viser spécifiquement la conduite ni aller jusqu’à interdire totalement sa vente aux particuliers, comme l’avaient fait auparavant les députés. L’avenir de cette loi dépendra des négociations entre les deux chambres.
Cadre judiciaire et chronologie du drame
Mathis a été tué samedi 1er novembre à 4 h 48 du matin, percuté par un véhicule qui roulait à vive allure, selon le procureur de Lille. L’enquête a établi « une consommation de protoxyde d’azote contemporaine de la conduite du véhicule ». Le conducteur présumé, un homme âgé de 31 ans « connu pour des délits routiers », a été mis en examen dimanche pour homicide routier avec trois circonstances aggravantes : violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence, délit de fuite et refus d’obtempérer. Il a été placé en détention provisoire, selon les informations des autorités.
Cette affaire relie des drames personnels à un débat public croissant sur l’usage détourné du protoxyde d’azote et sur l’opportunité d’étendre les sanctions afin de prévenir la conduite après consommation. Des députés et des sénateurs ont évoqué diverses pistes, et les proches de Mathis soulignent l’urgence d’agir, tout en rappelant que le cadre législatif actuel est en cours de négociation entre les deux chambres.