Table of Contents
La Syrie est historiquement l’un des pays les plus sujets aux coups d’État militaires, questionnant ainsi les raisons de cette instabilité politique. Après le départ des troupes françaises en 1946, la Syrie a observé de profonds bouleversements dont la première date de mars 1949, lorsque le général Hosni al-Zaim a pris le pouvoir, jusqu’à l’ascension de Hafez al-Assad en 1970.
Un contexte d’instabilité
Après l’indépendance, la Syrie est devenue le deuxième pays arabe, après le Soudan, à faire face à de nombreux coups d’État. En l’espace de deux décennies, le pays a connu huit coups d’État presque consécutifs, marquant la domination d’une élite militaire qui a progressivement accru son influence sur le paysage politique, économique et social de la Syrie. Le coup d’État des officiers baassistes en mars 1963 est considéré comme le plus tragique et le plus marquant, suivi par d’autres en 1966 et 1970, qui ont ouvert la voie à la dynastie des Assad, qui a duré plus de 50 ans.
Les raisons des coups d’État
Dans ses mémoires, le général à la retraite Mohammad Marouf révèle plusieurs facteurs ayant conduit à cette succession de coups d’État. Participant lui-même au second coup d’État de l’histoire syrienne, il a été témoin des tensions internes et des luttes de pouvoir qui ont suivi chaque changement de régime. Selon lui, la Syrie a été le théâtre d’ambitions extérieures et internes, notamment des tentatives de l’Égypte sous le roi Farouk et des Hachémites d’inclure la Syrie dans des unions régionales qui menaçaient la souveraineté nationale.
Marouf souligne également l’intérêt stratégique des États-Unis et de l’Union soviétique dans la région, qui ont conduit à des interventions dans les affaires syriennes. Les États-Unis, craignant un rapprochement des pays arabes et une opposition au pouvoir occidental, ont été impliqués dans le soutien à certains coups d’État, y compris celui de Hosni al-Zaim.
Les conflits internes et les rivalités
Les rivalités entre factions civiles et militaires ont exacerbé les tensions. Après le retrait français, les Syriens ont commencé à goûter aux joies de la démocratie, ce qui inquiétait certains leaders militaires. Les critiques de la gestion gouvernementale, notamment en ce qui concerne la corruption, ont suscité une méfiance croissante au sein de l’armée, entraînant des coups d’État.
Marouf fait également état des politiques discriminatoires qui ont été mises en place au sein de l’armée, favorisant certaines minorités, ce qui a généré un ressentiment parmi les officiers arabes. De plus, le rapprochement avec Israël, même après des défaites militaires, a provoqué des révoltes internes au sein des forces armées.
Un cycle de coups d’État
Le premier coup d’État majeur, celui de Hosni al-Zaim, a été suivi de plusieurs autres, chacun cherchant à renverser le précédent. Chaque coup d’État a apporté son lot de promesses de réformes, mais au lieu de cela, ils ont souvent mené à des régimes autoritaires plus sévères. Le coup d’État de Hafez al-Assad en 1970 a marqué la fin de cette série de bouleversements, établissant une dynastie qui a cherché à éliminer la dissidence par la force, notamment à travers des répressions brutales comme celles de Hama et de Palmyre.
La situation actuelle
À présent, après la chute du régime de Bachar al-Assad, la Syrie se trouve à un tournant crucial. Les forces révolutionnaires tentent de naviguer dans une transition difficile, tout en essayant d’éviter la répétition des scénarios de coups d’État militaires et d’interventions étrangères qui ont tant affecté le pays par le passé. La quête d’un nouveau système politique stable demeure un défi majeur pour le peuple syrien.