Home ActualitéLiban : Hezbollah prêt à une « bataille karbalaïque » pour préserver son arsenal

Liban : Hezbollah prêt à une « bataille karbalaïque » pour préserver son arsenal

by Sara
Liban, Israël

Le numéro deux du Hezbollah, Naim Qassem, a accusé le gouvernement libanais de servir « le projet israélien » en approuvant une décision visant à concentrer les armes entre les mains de l’État. Il a menacé de mener ce qu’il a qualifié de « bataille karbalaïque » pour s’opposer à toute tentative de désarmement du mouvement, avertissant qu’« il n’y aura pas de vie au Liban » si l’État cherchait à affronter le parti.

Les déclarations de Naim Qassem

Lors d’un discours télévisé diffusé à l’occasion du quarantième jour commémoratif de l’Imam Hussein à Baalbeck (est du Liban), Naim Qassem a jugé la décision gouvernementale « dangereuse » et susceptible de provoquer une grave crise nationale.

Il a affirmé que la mesure « dépouille la résistance et le Liban de leur armement défensif pendant l’agression » et constitue, selon lui, « une facilité pour tuer les résistants et les expulser de leurs terres », qualifiant la démarche d’exécution d’un « décret américano-israélien ».

Qassem a souligné que « la souveraineté du Liban n’existe que si elle est soutenue par la résistance », et a rendu le gouvernement « entièrement responsable de toute explosion interne ou destruction du pays » si celui-ci persistait à affronter le mouvement.

La décision du Conseil des ministres et son calendrier

Le Conseil des ministres libanais a approuvé, le 7 août, une résolution visant à confiner les armes à l’État et à charger l’armée de préparer un plan pour y parvenir durant le mois en cours, avec une mise en œuvre prévue avant la fin de 2025.

Cette décision intervient sous la pression américaine et dans un climat de crainte qu’Israël ne relance une offensive militaire, après des mois d’affrontements intenses entre l’État hébreu et le Hezbollah durant lesquels le mouvement a subi des pertes importantes.

Menaces, mobilisation et temporisation des protestations

Qassem a indiqué que le parti rejetait la remise de son armement et qu’il était prêt à livrer « une bataille karbalaïque » si nécessaire pour contrer ce qu’il appelle « le projet israélo‑américain ».

Il a aussi évoqué la possibilité d’une mobilisation populaire, en avertissant que les manifestations contre la remise des armes « pourraient atteindre l’ambassade américaine » à Beyrouth. Cependant, il a précisé que la direction du Hezbollah et celle du mouvement Amal ont convenu de reporter toute action de rue afin de laisser « une chance au dialogue » et éviter une confrontation que « personne ne souhaite ».

Qassem a invité le gouvernement à « cesser l’agression et faire sortir Israël du Liban », ajoutant que l’exécutif pourrait bénéficier de toutes les facilités nécessaires pour discuter des questions de sécurité nationale et stratégique.

Les revendications du Hezbollah avant tout désarmement

Le Hezbollah pose plusieurs conditions avant d’accepter de discuter du sort de son arsenal. Parmi elles :

  • Le retrait israélien des cinq collines avancées pendant la dernière guerre.
  • L’arrêt des frappes israéliennes, malgré l’existence d’un cessez‑le‑feu.
  • La libération de détenus du Hezbollah capturés pendant le conflit.
  • Le lancement de la reconstruction des zones détruites par la guerre.

Le parti rappelle que la question du retrait israélien et de la réparation des dommages doit précéder tout débat sur le désarmement.

Contexte des hostilités entre le Hezbollah et Israël

Les affrontements transfrontaliers entre le Hezbollah et Israël ont commencé après le 7 octobre 2023, date à laquelle Israël a lancé une offensive majeure sur la bande de Gaza. Les échanges ont gagné en intensité, et le 23 septembre 2024, Israël a étendu ses opérations pour frapper de nombreuses régions du Liban, y compris Beyrouth, et a mené des incursions terrestres dans le Sud.

Un cessez‑le‑feu entre le Hezbollah et Israël est entré en vigueur le 27 novembre 2024, mais les autorités libanaises rapportent que l’armée israélienne a violé cet accord à plus de 3 000 reprises, causant selon des bilans officiels 266 morts et 563 blessés.

Enjeux et perspectives

La question du désarmement du Hezbollah reste l’un des sujets les plus sensibles au Liban, le groupe étant la seule force armée à avoir conservé un important arsenal depuis la fin de la guerre civile (1975‑1990).

Les tensions autour de ce dossier opposent des visions contradictoires : pour l’État et certains partenaires internationaux, la monopolisation de la force appartient à l’État ; pour le Hezbollah, l’armement est un gage de souveraineté et de protection face aux menaces extérieures.

À court terme, la situation dépendra des avancées diplomatiques, des garanties apportées au Liban en matière de sécurité et de reconstruction, et de la capacité des acteurs locaux à éviter une escalade interne.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/8/15/%d8%b9%d8%a7%d8%ac%d9%84-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d9%85%d9%8a%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%b9%d8%a7%d9%85-%d9%84%d8%ad%d8%b2%d8%a8-%d8%a7%d9%84%d9%84%d9%87-%d9%84%d9%86-%d9%86%d8%b3%d9%84%d9%85

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