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Libye : Réactions mitigées à la formation d’une commission électorale
Les réactions et positions locales concernant l’annonce de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) sur la création d’une commission consultative se poursuivent, oscillant entre soutien, opposition et réserves.
Critiques concernant la composition de la commission
Bien qu’ils aient des divergences sur la présidence du Conseil d’État, Mohamed Takala et Khaled Mishri s’accordent à critiquer l’annonce de la formation d’une commission consultative de 20 membres, sélectionnés selon des critères de professionnalisme et d’expertise dans les domaines juridique et constitutionnel.
Takala, en tant que président du conseil, a déclaré dans un communiqué publié par le bureau de presse du conseil, que la mission onusienne a nommé la commission sans consulter les conseils des députés et d’État. De son côté, Mishri a exprimé sur Facebook ses réserves concernant les membres de la commission, qu’il considère comme déséquilibrés.
Interrogations sur la légitimité de la commission
Pour mieux comprendre les raisons du refus du Conseil d’État de reconnaître la commission, Al Jazeera a posé des questions à plusieurs personnalités libyennes influentes.
Le rapporteur du Conseil d’État, Belkacem Debraz, a mentionné qu’ils avaient demandé à la mission d’apporter certaines modifications et qu’ils attendaient une réponse favorable. Il a ajouté : « Si la coopération est présente, nous serons prêts à collaborer. Sinon, nous serons contraints de contester les résultats de la commission. »
Pour l’analyste politique Ibrahim Belkacem, la formation de la commission consultative est une nécessité. Il souligne qu’elle a été constituée selon des normes internationales pour garantir son indépendance, affirmant que ses membres (avocats, juristes, juges) ne représentent aucun des belligérants, ce qui lui confère un certain équilibre.
Défis à relever par la commission consultative
Debraz identifie le premier défi pour la commission : elle est consultative, ce qui signifie que ses recommandations ne sont pas contraignantes pour les parties libyennes. En outre, il souligne un problème de représentation géographique, notant que certaines régions comme Zintan, Zawiya, une grande partie du sud et des zones de l’est du pays ne sont pas représentées.
Le principal problème réside dans la nature même de la crise libyenne : le conflit est davantage politique que légal. Il se questionne sur la capacité d’une commission technique à proposer des solutions à une crise politique complexe, surtout en l’absence de représentation des parties en conflit.
Évaluation de la démarche consultative
Le membre du Parlement, Jibril Awida, affirme que le parlement ne s’oppose pas à la formation de la commission, à condition qu’elle soit technique et spécialisée, visant à étudier une feuille de route électorale tout en fournissant des conseils nationaux objectifs sans compromettre la souveraineté libyenne.
Ali Al-Soul, un autre membre du parlement, considère que la création de la commission par la mission onusienne constitue essentiellement un dépassement de ses prérogatives, ainsi qu’une tentative d’imposer des conditions aux Libyens.
Il précise que la mission doit soutenir le consensus libyen dans le processus politique par la formation d’un gouvernement et la tenue d’élections générales, et non imposer des scénarios spécifiques ou inclure des acteurs non pertinents.
Réactions sur les lois électorales
L’adhésion de la commission consultative pour traiter des questions litigieuses concernant les lois électorales suscite des avis divergents. Le membre du conseil d’État, Saad Ben Sharada, a loué l’expertise des membres de la commission, mais a appelé à éviter de traiter les lois électorales en raison de la complexité du dossier déjà avancé par les conseils des députés et d’État à travers la commission « 6+6 ».
Il accuse la mission onusienne de vouloir rouvrir le dossier des lois électorales pour écarter certaines personnalités libyennes. Ibrahim Belkacem ajoute que la confiance de Stéphanie Khoury, vice-présidente de la mission onusienne, repose sur l’absence d’opposition des conseils à la commission consultative.
Pérennité du rôle du conseil présidentiel
Al Jazeera a tenté de joindre le conseil présidentiel via sa porte-parole, Najwa Wahiba, mais n’a pas obtenu de réponse.
Belkacem souligne que le silence du conseil présidentiel est un indicateur important ; en cas d’échec du processus onusien, il pourrait intervenir ultérieurement comme garant du processus politique, ce qui pourrait entraîner des décisions majeures, telles que la suspension des institutions existantes, une question d’une grande gravité.