Une étude comparative révèle que l’industrie pharmaceutique est devenue un acteur majeur en matière d’émissions de gaz à effet de serre, et qu’elle est aujourd’hui plus polluante que le secteur automobile sur certains critères. Selon les données examinées pour 2015, le secteur pharmaceutique émet par dollar de revenus bien plus que l’automobile. Cette réalité, peu mise en lumière, résulte d’une combinaison d’émissions directes et de celles liées à l’électricité achetée par les entreprises. L’enjeu est de comprendre l’ampleur de ces émissions et les variations d’une entreprise à l’autre.

En 2015, des chiffres marquants
Plus de 200 entreprises représentent le marché pharmaceutique mondial, mais seules 25 déclarent régulièrement leurs émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre au cours des cinq dernières années, et seulement 15 ont déclaré leurs émissions depuis 2012. L’étude calcule l’intensité des émissions pour chaque million de dollars de revenus et trouve 48,55 tonnes d’équivalent CO2e par million de dollars, soit environ 55 % de plus que le secteur automobile, qui émettait 31,4 tonnes CO2e par million de dollars en 2015. Les émissions mondiales totales du secteur pharmaceutique s’élèvent à environ 52 mégatonnes de CO2e, contre 46,4 mégatonnes pour l’automobile la même année. Le marché pharmaceutique est donc plus polluant malgré une valeur marchande inférieure à celle de l’automobile.
En matière d’intensité, les chiffres varient fortement entre entreprises: Eli Lilly affichait 77,3 tonnes CO2e par million de dollars, tandis que Roche en produisait 14 tonnes CO2e par million de dollars, soit un écart d’environ 5,5 fois. Procter & Gamble avait des émissions par revenu largement supérieures à Johnson & Johnson, malgré des niveaux de ventes proches. Ces écarts soulignent que certaines pratiques industrielles et mix énergétiques jouent un rôle crucial dans l’empreinte carbone du secteur. Dans l’ensemble, l’étude estime que le marché pharmaceutique est 28 % plus petit que le secteur automobile mais 13 % plus polluant.
Variabilité des émissions au sein du secteur
L’analyse met en évidence une extrême variabilité entre les entreprises du secteur: certains acteurs affichent une intensité bien inférieure à d’autres. Cette diversité s’explique par les mix énergétiques, les procédés industriels et les efforts de réduction des émissions mis en œuvre par chaque société. L’étude rappelle que même des entreprises de taille similaire peuvent présenter des trajectoires climatiques très différentes, ce qui complique les comparaisons à l’échelle du secteur.
Par exemple, Eli Lilly affichait 77,3 tonnes CO2e par million de dollars, soit environ 5,5 fois plus que Roche, qui en produisait 14 tonnes CO2e par million de dollars en 2015. De son côté, Procter & Gamble avait des émissions par revenu largement supérieures à Johnson & Johnson, malgré des niveaux de ventes proches. Ces chiffres illustrent la difficulté de standardiser l’évaluation des émissions dans un secteur aux ressources et aux chaînes d’approvisionnement très variables.