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Ahmed Aboutaleb, ancien maire de Rotterdam, a récemment élaboré une métaphore pour décrire le processus d’intégration aux Pays-Bas. Il compare le pays à une autoroute, où les migrants souhaitent y entrer, mais doivent d’abord s’insérer correctement. « Il faut bien regarder et ajuster sa vitesse à celle des voitures déjà sur la route », explique Aboutaleb. Une fois sur cette autoroute, il est essentiel de suivre le mouvement.
Une vision partagée
Typique d’Aboutaleb, cet autodidacte aime utiliser des images puissantes pour convaincre les autres de sa vision. Son message trouve un écho auprès des Néerlandais, qu’ils soient de gauche ou de droite, qui voient en lui une figure presque emblématique. Les réactions enthousiastes laissent souvent entendre un désir sous-jacent : « Si seulement ils pouvaient tous être comme lui. »
Reconnaître ses opportunités
Les idéaux d’ascension sociale ont depuis longtemps disparu aux Pays-Bas, et le moteur de l’émancipation semble également grippé. Néanmoins, être le fils d’un travailleur migrant et se retrouver dans une institution comme *NRC* est un privilège. Depuis 2017, j’ai eu la chance de travailler pour ce journal libéral, qui valorise la « libre épanouissement des talents intrinsèques à chaque individu ». Mon rôle s’est étendu à celui de directeur de la rédaction, ce qui témoigne de mes efforts.
Les doutes sur la légitimité
Cependant, cette ascension n’a pas été sans interrogations. Certains se sont demandé si mon succès était dû à mes origines marocaines plutôt qu’à mes compétences. Bien que cela ne vienne pas toujours d’une intention malveillante, il est difficile de ne pas se sentir questionné. Certains affirment que ma nomination est le fruit de « discrimination positive », tandis que d’autres estiment que cela reflète les valeurs progressistes du journal.
Une position délicate
En tant que chef de la rédaction des opinions, il est attendu de ne pas exprimer de jugement personnel. Cela peut sembler paradoxal, mais cette fonction est avant tout un rôle de service, souvent ingrat. Malheureusement, une part significative de la société ne se prive pas de critiquer quelqu’un qui occupe ce poste tout en ayant des origines nord-africaines. Les insinuations désagréables sont fréquentes, avec des commentaires insinuant que je devrais « connaître ma place ».
Comprendre la résistance
Il existe un phénomène sociologique connu sous le nom de « paradoxe de l’intégration », où plus un individu participe à la société, plus il ressent le rejet. Cette dynamique est également observable aux États-Unis, où le terme *whitelash* décrit la réaction de la majorité blanche face à l’émancipation des minorités. Ce concept est particulièrement pertinent dans le contexte néerlandais actuel.
Une réaction virulente
Personne ne personnifie mieux ce *whitelash* que Wierd Duk, journaliste au *Telegraaf*, qui évoque une « cinquième colonne islamiste » au sein de la société. Ses propos rappellent une rhétorique toxique qui a émergé après les attentats du 11 septembre 2001. En 2021, alors que je travaillais sur la podcast *Génération 9/11*, je pensais que les pires tensions étaient derrière nous, mais les événements récents ont prouvé le contraire.
Confrontation des générations
Les débats sur la Palestine et Gaza font écho à des luttes historiques similaires, comme celles vécues pendant la guerre d’Algérie ou le conflit vietnamien. Les attaques récentes contre des Néerlandais sympathisant avec la cause palestinienne sont choquantes et soulignent une fracture profonde au sein de la société néerlandaise.
Un appel à la réflexion
Face à cela, la capacité de rester « neutre » est souvent perçue comme une échappatoire. Les rédacteurs doivent s’opposer à toute forme de violation des droits humains, indépendamment de leur origine. Il est crucial de ne pas laisser ces idéaux se transformer en simples mots vides de sens.