Le Parlement français a adopté de manière définitive une loi visant à allonger jusqu’à 210 jours la durée de rétention des étrangers jugés dangereux ou en instance d’expulsion, une mesure qui suscite de vives débats. Le texte, porté par la sénatrice Les Républicains Jacqueline Eustache-Brinio, a été validé après un dernier vote au Sénat, faisant suite à l’approbation de l’Assemblée nationale. Il s’agit d’une augmentation significative par rapport à la limite précédente, portée à 90 jours depuis la dernière réforme en 2018, et à 33 jours en 2024, selon divers rapports d’associations.
Une mesure contestée par la gauche et les associations
Plusieurs organisations telles que France terre d’asile et la Cimade dénoncent cette prolongation, arguant qu’elle pourrait concerner un grand nombre de personnes en centre de rétention. Selon elles, la notion de « menace d’une particulière gravité » demeure floue, laissant place à des interprétations arbitraires qui pourraient aggraver la détresse des retenus, souvent enfermés dans des conditions difficiles ou violentes. Ces associations soulignent que l’augmentation de la durée de rétention n’a pas permis d’améliorer le taux d’expulsion, malgré une réponse sécuritaire renforcée.
Les arguments du gouvernement et la perspective européenne
Le gouvernement, notamment le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, défend cette législation en rappelant que le droit européen permet une rétention pouvant aller jusqu’à 18 mois (547 jours). Il justifie l’allongement par la nécessité de disposer de moyens plus efficaces pour expulser certains étrangers, notamment ceux dont le comportement menace l’ordre public. Par ailleurs, le texte s’inscrit dans un cadre législatif enrichi, reprenant notamment des dispositions de la dernière loi immigration, et permet la mise en œuvre de mesures telles que le relevé d’empreintes digitales et la capture de photos d’identité sous contrainte, renforçant ainsi les outils d’identification des personnes retenues.
Selon ses défenseurs, cette mesure vise à renforcer la sécurité publique tout en respectant le cadre du droit européen. Toutefois, les opposants craignent une utilisation potentielle abusive de ces nouvelles dispositions, pouvant aggraver la détresse psychologique et physique des personnes concernées, souvent déjà vulnérables. La controverse continue d’animer le débat public, dans un contexte où la question de l’immigration et de la sécurité demeure centrale dans le débat politique en France.