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Qui n’a jamais paniqué après avoir égaré ses clés, oublié l’emplacement de sa voiture sur un parking ou cherché en vain le nom d’une célébrité ? Ces trous de mémoire, bien que désagréables, ne sont pas synonymes de maladie. Ils font partie intégrante du fonctionnement normal de notre cerveau. Décryptage autour de ces oublis fréquents.
La mémoire et ses mystères selon Hélène Amieva
La professeure Hélène Amieva, psychogérontologue, épidémiologiste et chercheuse à Bordeaux, est une spécialiste reconnue de la mémoire. Membre du Conseil scientifique de l’Observatoire B2V des mémoires, un laboratoire dédié à l’étude de cette fonction cérébrale complexe, elle remet en cause l’idée que les trous de mémoire soient alarmants. Oublier son téléphone, un rendez-vous, ou le nom d’un acteur célèbre ne serait pas synonyme d’effondrement cognitif.
Selon elle, appuyée par des études scientifiques robustes et consensuelles, « l’oubli fait partie du fonctionnement normal du cerveau car nous ne sommes pas des ordinateurs capables d’enregistrer des informations à l’infini, il faut faire de la place ». L’Observatoire B2V approfondit la compréhension des différentes mémoires, que ce soit individuelles, collectives, historiques ou numériques.
Hélène Amieva, professeure de psychogérontologie à l’Université de Bordeaux et épidémiologiste, est également directrice de recherche de l’équipe Sepia de l’Inserm
La mémoire face au vieillissement : mythe ou réalité ?
Vieillir ne signifie pas forcément voir sa mémoire décliner. Elle évolue et s’adapte aux besoins liés à chaque étape de la vie, et peut même gagner en richesse. On encode et stocke des informations aussi bien à 75 ans qu’à 25 ans, mais la manière d’accéder à ces informations devient plus ciblée.
Le cerveau atteint sa maturité vers 25 ans, puis subit des changements progressifs. Cependant, la capacité d’apprentissage reste intacte tout au long de la vie. Ce sont davantage nos besoins qui évoluent : la priorité est désormais de trier efficacement parmi les nombreuses informations accumulées pour retrouver rapidement ce qui est essentiel.
« L’oubli est un mécanisme normal, voire indispensable qui fait partie intégrante du fonctionnement de la mémoire »
Oublier : un mécanisme indispensable
Doit-on s’inquiéter lorsqu’on commence à oublier des choses ? La réponse est non. L’oubli est un processus naturel qui permet de libérer de l’espace mental, pour ne conserver que l’essentiel. Loin d’être une défaillance, c’est un tri nécessaire.
Cependant, il existe différents types d’oubli :
- L’oubli temporaire ou épisodique : une information connue mais momentanément inaccessible. Elle peut réapparaître spontanément après quelques minutes.
- L’oubli plus profond : sensation qu’une information est complètement effacée, comme si elle n’avait jamais été enregistrée. Si ce phénomène se répète fréquemment, il peut signaler un trouble neurocognitif.
Conseils pour stimuler sa mémoire au quotidien
Pour éviter de perdre ses clés, sa voiture ou ses lunettes, il est conseillé d’encoder l’information consciemment. Par exemple, en repérant un élément distinctif proche de l’endroit où l’on gare sa voiture dans un parking étendu.
Éviter de réaliser plusieurs tâches simultanément permet également de mieux mémoriser. Anticiper ces oublis en enrichissant le contexte d’encodage aide à faciliter la récupération de l’information.
Faut-il entraîner la mémoire avec des jeux cognitifs ?
Contrairement à une idée reçue, il n’existe pas de méthode miracle pour préserver la mémoire. Des activités comme le sudoku ou les mots croisés peuvent être bénéfiques uniquement si elles sont pratiquées avec plaisir. Si elles deviennent une contrainte, elles génèrent plutôt du stress, ce qui est contre-productif.
En revanche, l’interaction sociale est un stimulant puissant du cerveau. Elle mobilise de nombreuses fonctions cognitives, bien plus qu’un simple exercice solitaire.
Le rôle de l’humour dans la santé cognitive
L’humour constitue un excellent moyen de stimulation cognitive car il requiert une abstraction mentale et un changement de perspective. Il améliore l’humeur et réduit les hormones du stress, favorisant une meilleure mémoire de travail, qu’elle soit verbale ou visuelle.
Les études montrent que l’humour optimise la mémoire, particulièrement chez les personnes âgées. De plus, organiser et participer à des événements sociaux représente autant d’opportunités d’interactions bénéfiques pour le cerveau.
Les capacités mnésiques à l’âge adulte
Contrairement aux idées reçues, certaines formes de mémoire ne se dégradent pas avec l’âge, mais s’enrichissent :
- La mémoire sémantique : les connaissances accumulées continuent de s’enrichir avec les années. Le vocabulaire est plus large à 50 ans qu’à 20, et la culture générale s’élargit, offrant plus d’outils pour raisonner.
- La mémoire procédurale : celle des gestes reste intacte et se solidifie avec l’expérience. Cuisiner, chanter, jouer d’un instrument ou bricoler font appel à ces compétences consolidées.
En somme, on devient plus intelligent en vieillissant grâce à l’enrichissement de ces différentes formes de mémoire.