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L’affaire Luc Tangorre, au cœur des années Mitterrand, a profondément divisé l’opinion publique française. Était-il une victime d’une erreur judiciaire monumentale ou un dangereux criminel ? Retour sur cette histoire marquante où la justice, les intellectuels et les victimes se sont affrontés dans un déni collectif.
Un étudiant brillant accusé de viols à Marseille
Luc Tangorre, alors jeune étudiant prometteur, a été arrêté et condamné pour une série de viols perpétrés à Marseille entre 1979 et 1981. Rapidement, il est présenté par certains comme le « Dreyfus des années Mitterrand », victime d’une machination judiciaire. Son cas suscite une profonde controverse, opposant ses détracteurs à ceux qui le défendent bec et ongles.
Un soutien intellectuel puissant
Depuis sa cellule, Tangorre parvient à mobiliser un cercle influent autour de sa cause : amis, famille, mais surtout des figures intellectuelles majeures telles que Pierre Vidal-Naquet, Marguerite Duras ou Françoise Sagan. Comme Émile Zola autrefois, ces personnalités de la rive gauche médiatisent son combat, créant un véritable élan de solidarité. Leur action aboutit à une grâce présidentielle signée par François Mitterrand en 1987, offrant à Tangorre une lueur d’espoir.
Une libération suivie de rechutes
Libéré en février 1988, Luc Tangorre récidive dès le mois de mai suivant. Cette fois, il est abandonné par son comité de soutien et les intellectuels qui l’avaient défendu. Malgré cela, il continue de crier à la machination. Après plusieurs passages supplémentaires en prison et une interview télévisée au début des années 2000, il commet une nouvelle agression en 2014. La tragédie tourne alors à la farce aux yeux de beaucoup, révélant la face sombre de cet homme.
Une vérité douloureuse pour les victimes et la police
Tout au long de cette affaire, les forces de l’ordre et surtout les victimes n’ont jamais cessé de clamer leur vérité. Derrière une apparence affable et inoffensive se cachait un violeur en série dangereux et sadique. Ce constat jette une ombre profonde sur la défense initiale de Tangorre et interroge sur les mécanismes d’un déni collectif qui a pu perdurer.
Un cas emblématique de déni judiciaire
Comment un jeune homme de 22 ans a-t-il pu berner l’élite intellectuelle et médiatique ? Cette question est au centre du récit documentaire signé Guillaume Ballandras et réalisé par Mathieu Fret, qui explore les méandres de l’affaire Tangorre et le fragile équilibre entre justice, vérité et passion.
Un éclairage avec Denis Salas
Le magistrat et enseignant associé à l’École nationale de la magistrature, Denis Salas, apporte son expertise. Directeur de la revue « Les Cahiers de la justice », il est l’auteur de plusieurs ouvrages fondamentaux sur le sujet, notamment Le déni du viol. Essai de justice narrative (Éditions Michalon, 2023) et L’erreur judiciaire (Dalloz, 2015).