L’Union européenne relance ce mercredi un débat sensible sur une proposition visant à détecter les contenus pédopornographiques sur les plateformes et dans certaines messageries. Présentée en mai 2022 par la Commission européenne, la mesure connue sous le nom Stop Chat Control est au cœur d’une confrontation entre protection des enfants et respect de la vie privée. Des associations de défense des droits et des autorités européennes appellent à encadrer strictement la surveillance, tandis que les partisans soutiennent qu’elle est nécessaire pour lutter contre l’abus en ligne sans viser l’ensemble des échanges privés. Le Parlement européen et les États membres suivent de près les discussions, notamment avec le Danemark, qui assure la présidence de l’UE, et la perspective d’un vote à Luxembourg le 14 octobre.
Enjeux et positions autour du texte Stop Chat Control
La proposition vise à obliger les plateformes et services de messagerie à détecter puis signaler les contenus abusifs d’images et de vidéos d’enfants. Selon le texte, seules les images et les liens pourraient être scannés, et l’activation du système ne serait possible que par décision d’une autorité judiciaire ou administrative indépendante. La détection actuelle repose majoritairement sur une approche volontaire des acteurs, ce que Bruxelles juge insuffisant face à l’ampleur du problème.
Le Danemark, qui occupe la présidence de l’Union européenne et a confectionné la dernière mouture du texte, soutient qu’il est accompagné d’une série de garde-fous. À commencer par le fait que seules les images et les liens, pas les messages textes, pourraient être scannés par ce système. Et qu’il ne serait activé que par décision d’une autorité judiciaire ou administrative indépendante.
Selon un rapport publié en 2024 par l’Internet Watch Foundation (IWF), 62% des contenus pédopornographiques étaient hébergés sur des serveurs situés dans l’UE. La détection des contenus par les plateformes se fait aujourd’hui sur une base volontaire, ce que Bruxelles juge largement insuffisant étant donné l’ampleur du problème. Ces règles en vigueur courent jusqu’en avril 2026, en attendant l’adoption d’un nouveau texte qui ferait de cette détection une obligation légale pour tous.
«C’est la fin du secret de la correspondance, qui est essentiel pour les lanceurs d’alertes», a déclaré Patrick Breyer auprès de l’AFP. Des responsables européens avertissent que le débat ne porte pas seulement sur des mécanismes techniques, mais aussi sur la manière dont les autorités et les plateformes protègent les citoyens. «Aucune surveillance généralisée» est répétée par des porte-parole officiels, qui soulignent que le cadre actuel prévoit des garde-fous et qui souhaitent éviter des abus.
Selon plusieurs responsables participant aux discussions, Berlin pourrait clarifier sa position dans les prochaines heures: si l’Allemagne s’aligne sur la mesure, les États membres pourraient l’adopter formellement lors d’une réunion à Luxembourg, prévue le 14 octobre. À défaut, l’Allemagne s’abstiendrait ou continuerait à s’opposer, relançant les tractations sur ce dossier épineux.
Deux scénarios pour l’avenir de la proposition et calendrier
Deux pistes se dessinent après la réunion de mercredi: l’adoption pourrait intervenir si l’Allemagne, axe crucial en raison des règles de majorité qualifiée, s’aligne sur la mesure; le texte pourrait alors être validé lors d’un Conseil à Luxembourg le 14 octobre.
Si l’Allemagne s’abstient ou s’oppose, les tractations reprendraient et la procédure pourrait être relancée, selon plusieurs responsables européens. Quelle que soit l’issue, le Danemark rappelle que le texte s’accompagne de garde-fous et que seule une décision judiciaire ou administrative indépendante pourrait l’activer.
Selon plusieurs responsables européens participant aux discussions, Berlin pourrait clarifier sa position au cours des prochaines heures. Le calendrier dépendra des engagements pris et des garanties retenues par les États, et la décision pourrait intervenir avant le 14 octobre si un accord est trouvé.
En attendant, les débats se poursuivent au sein des institutions européennes et les partisans et opposants seront attentifs à chaque incident procédural, car le texte pourrait modifier durablement les mécanismes de détection des contenus illicites en ligne.