La destitution du président Andry Rajoelina et la prise de pouvoir par l’unité militaire ralliée au mouvement de contestation ont marqué mardi 14 octobre 2025 à Madagascar. L’annonce « prendre le pouvoir » a été faite devant le palais présidentiel à Antananarivo, peu après que l’Assemblée nationale a destitué le chef de l’État. Dans ce contexte, le pouvoir militaire est désormais au cœur des échanges entre la capitale et les partenaires régionaux. L’histoire politique de Madagascar est marquée par des transitions similaires, et l’incertitude pèse sur l’avenir du pays.
Les militaires prennent le pouvoir après le vote de destitution
L’unité Capsat a déclaré devant le palais présidentiel: « On va prendre le pouvoir à partir d’aujourd’hui et on dissout le Sénat et la Haute cour constitutionnelle. L’Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler », a indiqué le colonel Randrianirina, à la tête de Capsat.
Contesté dans la rue et retranché dans un lieu inconnu, Andry Rajoelina a dénoncé à propos du vote le destituant une « réunion (…) dépourvue de toute base légale ». Exfiltré par un avion militaire français dimanche d’après la radio française RFI, il avait été désigné président de transition par les militaires après un soulèvement populaire en 2009.
130 des 163 députés, soit plus de la majorité des deux tiers requise, ont voté mardi en faveur de la destitution d’Andry Rajoelina. La Haute cour constitutionnelle, dont la dissolution avait été annoncée mardi par le colonel Randrianirina, a été évoquée comme partie prenante de ce bouleversement institutionnel. Le président en fuite a dit mardi enchaîner « plusieurs visites officielles prévues chez les pays amis, membres de la SADC », selon les informations circulant dans les environs du palais.
Des scènes de fête et des rassemblements ont aussi été observés sur la place du 13-mai, tandis que les manifestants réclament des garanties pour l’avenir du pays et dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une rupture démocratique.
Constitution suspendue et bilan
La Constitution est aussi suspendue, a annoncé cet officier qui est à la tête de la Capsat. Cette unité militaire, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d’État de 2009, a renversé le rapport de force en se joignant samedi aux manifestations qui ont commencé le 25 septembre. Ses officiers ont appelé les forces de sécurité à « refuser de tirer » sur les manifestants, avant de les rejoindre dans le centre de la capitale.
La plupart des forces armées leur ont emboîté le pas depuis et ont changé de commandement, y compris la gendarmerie, auparavant en première ligne de la répression des manifestations. Au moins 22 personnes ont été tuées au début de celles-ci et plus d’une centaine blessées, d’après un bilan des Nations unies.
Au total, 130 des 163 députés, soit plus de la majorité des deux tiers requise, ont voté mardi en faveur de la destitution d’Andry Rajoelina. Madagascar, île à la population très pauvre, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition. Le collectif Gen Z reste mobilisé et des milliers de manifestants se sont encore rassemblés mardi à Antananarivo.
Selon un bilan relayé par des sources onusiennes, au moins 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées dans les premiers jours de ces protests. Des habitants, notamment des jeunes du collectif Gen Z et des fonctionnaires appelés à la grève par des syndicats, restent déterminés à suivre l’évolution de la situation, tout en appelant à la responsabilité et au respect des droits civils. Au moins 80 % des 32 millions d’habitants vivent avec moins de 15 000 ariary par jour, soit environ 2,80 euros selon les chiffres officiels.
La crise à Madagascar suscite des réactions internationales, notamment de la part des partenaires régionaux et de l’ONU, qui appellent au calme et à la protection des civils dans ce territoire où l’instabilité politique a trop souvent marqué l’histoire récente.