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Magellan, ou le récit démythifié, est le nouveau long métrage de Lav Diaz qui propose une relecture critique du mythe de l’explorateur portugais. Le film déconstruit l’héroïsation de l’expédition espagnole et examine les zones d’ombre de la conquête. À travers une mise en scène imposante et des plans prolongés, Diaz juxtapose la légende européenne et les violences coloniales qui l’accompagnent. Longueur et rythme imposent une observation contemplative de l’histoire, en détail et sans embellissement.
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Magellan démythifié: Lav Diaz déconstruit le mythe
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Le réalisateur présente Magellan comme un homme autoritaire, cruel, impitoyable – Gael Garcia Bernal d’une dureté jamais jouée par l’acteur auparavant. L’image du navigateur est décentrée: le film replace les enjeux du pouvoir et les châtiments dans une dynamique qui s’éloigne du romantisme. Diaz joue avec le rythme et les longueurs pour marquer l’écart entre mythe et vécu, tout en montrant la brutalité de l’expédition et les tensions de l’équipage. Cette perspective peut déstabiliser les spectateurs habitués à l’épopée classique.
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Rythme, durée et réception
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La tournure cinématographique privilégie les longs plans et l’hyperréalisme exténuant, qui prolongent l’attente et la tension. La durée affichée est de 2 h 43, et le public est averti. Le récit alterne des scènes grandioses avec des passages où les dissensions internes et les conditions de vie des marins dominent la narration. Cette approche peut susciter à la fois l’admiration et l’épuisement chez le spectateur, comme le montrent les retours issus des sorties ciné recoupées par les critiques.
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Une parole sur l’archipel et la violence coloniale
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En Asie, le film montre frontalement les massacres et les horreurs infligés aux peuples autochtones, la barbarie de la colonisation et la christianisation de force. Diaz fait exister Humabon et Lapu-Lapu dans le récit, au cœur de la bataille de Mactan et du choc des cultures. La mise en scène met en évidence l’écart entre une vision utopique et les réalités violentes de l’expansion européenne, tout en restant attentive à la profondeur des sociétés philippines précoloniales. Les images saisissantes questionnent notre perception de l’histoire.
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À travers ce travail, Magellan et le récit démythifié se lisent comme une invitation à revoir l’histoire, non pas pour oublier, mais pour mieux comprendre les mécanismes qui transforment les voyages en légendes et les légendes en armes narratives.