Table of Contents
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, accuse des acteurs externes d’exploiter la fragilité du pays en s’appuyant sur des groupes armés pour faire pression sur l’État. Il affirme que Bamako a réorganisé son dispositif sécuritaire afin de répondre à la récente crise liée à la pénurie de carburant et d’assurer la continuité des approvisionnements.
Attaques contre les approvisionnements et motivations
Diop explique que les attaques visant les approvisionnements en produits pétroliers ont suivi « des défaites lourdes » subies par certains groupes armés. Selon lui, ces groupes se tournent désormais vers des « cibles vulnérables » pour déstabiliser l’économie et semer la panique parmi la population.
Il souligne que cette tactique cherche à affaiblir l’État en perturbant la vie quotidienne et en sapant la confiance des citoyens dans les capacités des autorités à garantir la sécurité.
Mesures prises par Bamako pour rétablir les approvisionnements
Le ministre assure que les autorités ont rapidement rétabli la trajectoire des livraisons en quelques jours grâce à une série de mesures coordonnées.
- redéploiement des forces de défense et de sécurité sur les axes sensibles ;
- organisation d’une escorte militaire permanente pour les convois de ravitaillement ;
- intensification des opérations de terrain pour neutraliser les menaces ;
- sécurisation des routes principales afin d’assurer l’acheminement vers Bamako et d’autres régions.
Coordination régionale avec le Niger et le Burkina Faso
Diop affirme que le Mali agit en « plein solidarité » avec le Niger et le Burkina Faso pour contenir les retombées de la crise. Il précise que la coopération dépasse les simples déclarations publiques et s’est traduite par un « véritable » coordination opérationnelle.
Les domaines couverts par cette coordination comprennent la défense, l’approvisionnement et les aspects économiques, selon le ministre.
Retrait de la CEDEAO et vision d’intégration
Interrogé sur la décision de se retirer de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Diop indique qu’elle résulte d’une série de sanctions et de menaces d’intervention militaire visant le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Il insiste sur le fait que ce retrait ne signifie pas un isolement géographique ou culturel, mais une volonté d’ouvrir un « espace d’intégration nouveau » fondé sur l’indépendance politique et économique.
L’Alliance des pays du Sahel : un projet concret
Selon le ministre, l’Alliance des pays du Sahel — qui regroupe le Mali, le Niger et le Burkina Faso — est devenue « une réalité vivante » et a enregistré des progrès notables en peu de temps.
- mise en place d’une force commune réalisant des opérations de terrain réussies ;
- création d’institutions économiques communes, notamment une banque d’investissement et de développement.
Diop affirme que l’objectif de l’Alliance est de promouvoir l’autonomie, de rompre avec les schémas de dépendance et de renforcer les capacités nationales, ce qui, selon lui, inquiète certains partenaires traditionnels.
Renforcement de la souveraineté et partenariats
En revenant sur la politique de renforcement de la souveraineté menée depuis quatre ans, le ministre déclare que le Mali a mis fin au « nouveau modèle colonial » qui confiait la sécurité du pays à des acteurs extérieurs.
Il ajoute que Bamako consacre désormais près d’un quart de son budget au renforcement de ses capacités de défense.
Diop précise que les partenariats externes restent acceptables uniquement s’ils respectent trois principes fondamentaux :
- la souveraineté du Mali ;
- les choix stratégiques nationaux ;
- les intérêts vitaux du pays.
Il insiste sur le fait que le Mali ne recherche pas un partenaire « remplaçant les Maliens », mais une coopération basée sur le respect mutuel et le renforcement des capacités nationales.
Critique des pratiques de certaines missions diplomatiques
Le ministre a critiqué ce qu’il qualifie de « pratiques irresponsables » de certaines missions diplomatiques ayant publié des communiqués sur la situation sécuritaire sans consultation avec le gouvernement.
Selon lui, ces déclarations ont nourri des récits médiatiques évoquant une chute imminente de Bamako, allégation démentie par les autorités maliennes.