Des manifestations alaouites ont éclaté dimanche en Syrie après l’attaque meurtrière d’une mosquée visant cette communauté musulmane, entraînant des affrontements entre forces de sécurité et manifestants et deux morts à Lattaquié, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme et une source médicale. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer la fin des violences, après l’attaque d’une mosquée qui a fait huit morts vendredi à Homs, dans le centre du pays. La minorité alaouite, branche de l’islam chiite dont est issu Bachar al-Assad, est la cible d’attaques depuis qu’une coalition islamiste a pris le pouvoir à Damas fin 2024.
À Lattaquié et à Homs, violences et appels au calme
Les forces de l’ordre ont tué deux personnes en dispersant un rassemblement dans la ville côtière de Lattaquié, selon l’OSDH, qui dispose d’un vaste réseau de sources. Un hôpital de la zone a reçu deux corps, et les autorités n’ont pas confirmé avoir ouvert le feu sur des manifestants, ajoutant qu’elles avaient « maîtrisé la situation » et qu’elles avaient accusé des partisans de l’ancien président Bachar al-Assad d’avoir attaqué les forces de sécurité. Des échauffourées ont également été signalées à Homs, et l’OSDH a évoqué plusieurs blessés.

Des milliers de personnes sont descendues dans la rue dimanche pour réclamer la fin des violences contre la communauté alaouite, après l’attaque d’une mosquée qui a fait huit morts vendredi à Homs, dans le centre du pays. La minorité est ciblée depuis que la coalition islamiste a pris le pouvoir à Damas fin 2024.

Voix des dirigeants et revendications politiques
Le dignitaire Ghazal Ghazal, président du Conseil islamique alaouite en Syrie et à l’étranger, a condamné « une violation flagrante » de la liberté d’expression, dénonçant « l’oppression » du nouveau pouvoir syrien. « Nous appelons notre peuple à rester en sécurité et à rentrer chez lui », a-t-il écrit sur Facebook. C’est lui qui avait lancé samedi l’appel à manifester, pour « montrer au monde que la communauté alaouite ne pouvait pas être humiliée ou marginalisée », après un rassemblement similaire en novembre. « Nous ne voulons pas d’une guerre civile, nous voulons un fédéralisme politique. Nous ne voulons pas de votre terrorisme. Nous voulons décider de notre propre destin », avait-il commenté. Son visage s’affichait dimanche sur des photos brandies par la foule, qui a entonné des chants appelant à davantage d’autonomie.
Selon la télévision d’État syrienne, 70 d’entre eux ont été remis en liberté il y a deux jours « après qu’il ait été prouvé qu’ils n’étaient pas impliqués dans des crimes de guerre », et d’autres libérations sont attendues.
Sur le plan sécuritaire, des tensions subsistent dans la région et l’attentat revendiqué par un groupuscule extrémiste a été évoqué par des sources. Saraya Ansar al-Sunna a revendiqué l’attentat de vendredi sur Telegram, jurant de poursuivre les attaques ciblant « les infidèles et apostats ». Dans des bilans antérieurs, les violences sur le littoral avaient fait des milliers de morts, selon l’OSDH, et les responsables appellent au calme tout en évoquant des mesures de sécurité.
En mars, des massacres sur le littoral avaient fait plus de 1 700 morts, essentiellement des alaouites, après des affrontements entre forces de sécurité et partisans de Bachar al-Assad, selon l’OSDH. Une commission nationale d’enquête avait recensé au moins 1 426 morts, pour la plupart des civils, selon les mêmes sources.