Un jugement historique en Espagne marque un tournant dans la lutte contre les nuisances liées à la location touristique abusive. Le tribunal madrilène a statué en faveur d’une famille vivant dans un immeuble résidentiel traditionnel, dont la majorité des appartements était transformée en locations de courte durée, principalement pour des touristes. La décision ne concerne pas la légalité des logements en tant que tels, mais reconnait l’atteinte au « droit à l’intimité et à la vie privée » des habitants, profondément perturbés par le passage incessant de touristes.
Les juges ont mis en évidence plusieurs nuisances graves affectant le quotidien de cette famille, notamment un vacarme permanent, des problèmes d’insalubrité, la perte de sommeil et des troubles de santé mentale. La mère, particulièrement affectée, a même développé une dépression ayant conduit à la perte de son emploi. Des scènes inacceptables ont été rapportées : couloirs encombrés de chariots de ménage, déchets abandonnés à l’extérieur, fêtes improvisées ou encore des relations sexuelles dans les espaces communs, le tout accentuant la frustration des résidents permanents.
Face à l’inefficacité des interventions policières et à des amendes municipales jugées insuffisantes — totalisant plus de 16 000 euros — la famille a porté plainte. La justice a alors condamné les quatre entreprises responsables de la gestion des locations touristiques à verser une indemnisation totale de 37 000 euros, dont près de 10 000 euros pour chacun des enfants, dans un précédent qui pourrait bien faire jurisprudence.
Ce verdict soulève des questions sur la réglementation et la gestion des locations de courte durée dans les quartiers résidentiels, notamment lors des pics touristiques. Il intervient comme une étape importante pour la protection du droit à la vie privée des habitants face à la croissance exponentielle du tourisme urbain.