Home ActualitéMassacre au Soudan : un mosque transformé en cimetière à El Fasher

Massacre au Soudan : un mosque transformé en cimetière à El Fasher

by Sara
Soudan

À El Fasher, capitale du Nord-Darfour, un mosque visé à l’aube par un drone s’est transformé en cimetière improvisé après le massacre de dizaines de fidèles. En raison du blocus aérien et du ciblage des nécropoles, les habitants du quartier « la première classe » ont été contraints d’enterrer des dizaines de morts dans la cour du lieu de culte. Le bilan officiel communiqué par le ministère de la Santé du Nord-Darfour s’élevait à 65 morts vendredi soir, un chiffre qui pourrait encore augmenter.

Le bombardement et ses conséquences immédiates

Le raid a visé la mosquée au moment de la prière de l’aube. Selon des témoignages, une attaque menée par un drone lié aux forces de soutien rapide a frappé alors que les fidèles étaient rassemblés.

Un survivant, Mohamed Adam, a rapporté que l’élément déclencheur aurait été « l’éclairage d’un téléphone » durant la prière : « Nous lisions la sourate Yâ Sîn, la mosquée était dans l’obscurité, quelqu’un a allumé son téléphone, et quelques instants plus tard la munition est tombée sur nos têtes. »

La petite lueur a suffi, selon lui, à attirer la destruction. Ce qui devait être un moment de recueillement est devenu un enfer en quelques secondes.

Enterrements improvisés au cœur de la mosquée

Le blocus aérien empêchant l’accès aux cimetières publics a contraint des volontaires à creuser des fosses dans la cour de la mosquée pour enterrer les victimes. Les témoins décrivent des scènes de désarroi et d’urgence, où l’identification des corps était souvent impossible.

Un volontaire, parlant sous le couvert de l’anonymat, a décrit la situation : « Nous avons enterré le père, le fils et le frère ensemble dans une même tombe. On ne distinguait plus les corps, on se hâta simplement de les enterrer avant d’être à notre tour visés. »

Victimes du bombardement d'une mosquée à El Fasher
Victimes du bombardement d’une mosquée à El Fasher (image : https://sudanplatform.net/114940)

Khadija Moussa, directrice générale du ministère de la Santé du Nord-Darfour, a indiqué que 65 décès avaient été enregistrés et que ce chiffre était susceptible d’augmenter en raison de corps encore ensevelis sous les décombres.

Violation des rites et traumatisme collectif

Des observateurs soulignent le caractère doublement sacrilège de l’attaque : des fidèles attaqués à l’intérieur d’un lieu de culte, puis le recours à la mosquée comme sépulture collective. Cette rupture des rites funéraires traditionnels marque un effondrement des garanties sociales et religieuses autour de la mort.

Les murs de la mosquée, autrefois résonnant des versets du Coran, sont aujourd’hui témoins silencieux de corps entassés entre ses piliers. Pour les survivants, l’impact psychologique est profond : peur, privation et choc permanent dominent le quotidien.

Contexte : siège, ciblage des cimetières et escalade militaire

L’attaque s’inscrit dans une escalade militaire à El Fasher, où les forces de soutien rapide cherchent à étendre leur contrôle en affrontant l’armée soudanaise et des groupes armés. Depuis le 10 juin 2024, la ville subit un siège strict qui a réduit, voire coupé, les approvisionnements médicaux et alimentaires.

Des observateurs estiment que le ciblage systématique des cimetières et des mouvements vers ces lieux vise à faire pression sur des quartiers qui opposaient une résistance civile et populaire. L’absence d’un corridor humanitaire effectif empêche les habitants de respecter des rites funéraires et d’offrir une sépulture digne aux défunts.

  • Lieu : El Fasher, capitale du Nord-Darfour.
  • Bilan officiel (vendredi soir) : 65 morts, chiffre susceptible d’augmenter.
  • Auteur présumé de l’attaque : drone lié aux forces de soutien rapide.
  • Conséquence : cimetières publics devenus cibles, enterrements dans la cour de la mosquée.

Appels à l’aide et perspectives

Face à la détérioration de la situation humanitaire, les habitants réclament la levée du siège et l’ouverture immédiate de corridors humanitaires pour permettre des soins, des vivres et surtout des enterrements dignes. Sans intervention ou protection, la tragédie risque de s’aggraver.

Le massacre à El Fasher illustre la brutalité d’un conflit où les lieux de culte et les lieux de sépulture ne sont plus épargnés, accentuant la crise humanitaire et le traumatisme des populations civiles.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/9/20/%d8%a7%d9%84%d8%ac%d8%b2%d9%8a%d8%b1%d8%a9-%d9%86%d8%aa-%d8%aa%d9%88%d8%b1%d9%8a-%d9%82%d8%b5%d8%a9-%d9%85%d8%b3%d8%ac%d8%af-%d8%a8%d8%a7%d9%84%d9%81%d8%a7%d8%b4%d8%b1

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