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Médiation russe entre l’Iran et les États-Unis : enjeux et stratégies
Après le début des négociations publiques entre l’administration du président américain Donald Trump et la Russie à Riyad concernant la guerre en Ukraine, les attentes concernant l’élargissement des discussions pour inclure le dossier iranien ont augmenté. Il n’a pas fallu longtemps pour que Moscou confirme officiellement que le programme nucléaire iranien était l’une des questions abordées lors de l’appel téléphonique entre les dirigeants des deux pays, selon un communiqué du Kremlin.
Un rôle de médiateur
Selon des sources diplomatiques, Moscou a exprimé sa volonté de jouer un rôle dans le rapprochement des points de vue entre Téhéran et Washington. Cela a été confirmé par le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov lors de sa récente visite à Téhéran.
Lavrov a précisé que « les mesures diplomatiques restent sur la table », faisant allusion à la possibilité de trouver des solutions par le dialogue, plutôt que par une escalade mutuelle entre l’Iran et les États-Unis.
Stratégies de Moscou
D’un autre côté, la Russie pourrait chercher à tirer parti de sa relation étroite avec l’Iran, en s’appuyant sur leur partenariat stratégique, pour renforcer son rôle dans toute disposition future concernant le dossier nucléaire iranien. Ces mouvements interviennent alors que les pressions occidentales sur Téhéran s’intensifient, rendant toute médiation internationale de plus en plus attrayante pour l’Iran.
Bien que les déclarations russes confirment l’engagement de Moscou envers la diplomatie comme moyen de résoudre les différends, certains estiment que les actions russes dans ce dossier ne sont pas simplement une médiation, mais plutôt un repositionnement stratégique. Moscou, qui est en confrontation prolongée avec l’Occident en raison de la guerre en Ukraine, pourrait chercher à utiliser son influence sur le dossier iranien comme un levier dans ses relations avec Washington et ses alliés.
Réactions en Iran
À l’intérieur de l’Iran, les réactions concernant le rôle potentiel de la Russie sont partagées. Tandis que certains pensent qu’une initiative diplomatique pourrait aider à atténuer les pressions internationales sur l’Iran, d’autres craignent que l’intervention russe ne soit motivée par des intérêts propres à Moscou, et non par une véritable volonté de trouver une solution équilibrée qui prenne en compte les priorités de Téhéran.
Opportunités et risques
L’analyste politique Mostafa Najafi a déclaré que la médiation russe entre l’Iran et les États-Unis présente à la fois des opportunités et des défis complexes. Elle pourrait offrir certains avantages à Téhéran, mais elle comporte également des risques qui pourraient affecter sa position sur la scène internationale.
Il a souligné que l’un des principaux risques est la possibilité que l’Iran devienne une partie d’un « accord » plus large entre Moscou et Washington, ce qui pourrait en faire une carte de négociation utilisée par la Russie dans ses tractations avec les États-Unis sur d’autres questions stratégiques.
Conséquences potentielles
Dans ce contexte, Trump pourrait s’attendre à ce que Poutine exerce des pressions sur l’Iran pour qu’il modifie ses politiques, ce qui pourrait entraîner des résultats indésirables pour Téhéran, selon l’analyse de Najafi. Il a également noté que l’inclusion de l’Iran dans l’entente russo-américaine pourrait l’inciter à s’engager davantage avec le bloc russe, ce qui serait en contradiction avec la politique étrangère de Téhéran, qui a toujours cherché à maintenir un certain équilibre et une indépendance dans ses relations internationales.
Risque de retrait de soutien
Najafi a averti que si la médiation russe échoue à établir un accord entre Téhéran et Washington, ou si l’Iran ne parvient pas à répondre aux attentes de Moscou et de Washington, cela pourrait entraîner un affaiblissement du soutien russe à l’Iran, notamment sur le dossier nucléaire, face à des pressions américaines croissantes.
Impact sur les médiateurs régionaux
Najafi a également noté que cette médiation pourrait réduire le rôle des médiateurs régionaux tels que Qatar et Oman, qui pourraient voir tout rapprochement potentiel entre l’Iran et les États-Unis comme une menace pour leurs intérêts.
De plus, les pays européens pourraient ne pas accueillir favorablement l’intervention de la Russie dans ce dossier, ce qui pourrait accroître les tensions entre Téhéran et les capitales occidentales.
Possibilité de garanties
Cependant, Najafi a estimé que la médiation de Poutine pourrait être plus influente que celles d’autres pays de la région, surtout dans le cadre de la stratégie basée sur la « force » adoptée par Trump. Il a ajouté que si l’Iran n’est pas utilisé comme une carte de négociation, Poutine pourrait obtenir des garanties américaines assurant l’engagement de Washington dans tout accord futur avec Téhéran, ce qui a échoué dans les médiations régionales précédentes.
Incertitudes et méfiance
Pour sa part, l’analyste politique Afif Abadi a déclaré qu’il existe de nombreuses raisons qui poussent l’Iran à ne pas faire confiance à l’offre de négociation faite par le président américain Donald Trump :
- Tout d’abord, Trump lui-même a déchiré l’accord nucléaire et s’en est retiré.
- Deuxièmement, bien que l’ancien président américain Joe Biden ait promis de revenir à l’accord nucléaire et ait mené des négociations pendant des années, il a finalement refusé de le faire.
Elle a noté qu’alors que Trump propose une option de négociation, il signe en parallèle des décisions renforçant les sanctions contre l’Iran, tout en menaçant le pays militairement.
La menace israélienne
Par ailleurs, elle a souligné que la politique américaine au Moyen-Orient sert entièrement les intérêts d’Israël, qui représente une menace pour la sécurité nationale iranienne. Israël a ciblé à plusieurs reprises le programme nucléaire iranien, a assassiné des scientifiques nucléaires iraniens, a mené des attaques cybernétiques et a menacé de bombarder les installations nucléaires iraniennes.
Abadi a insisté sur le fait que le manque de confiance envers l’administration américaine, associé à l’hostilité manifeste d’Israël envers l’Iran, rend difficile la confiance dans l’offre de négociation proposée par Trump. Elle a ajouté qu’en ces temps, la Russie reste une option envisagée, mais elle n’est pas le seul médiateur potentiel entre l’Iran et les États-Unis.
Le rôle de la Russie
Elle a également noté que les relations entre Moscou et Washington sont encore entourées d’incertitudes, avec de nombreuses questions conflictuelles prioritaires dans leurs relations bilatérales, ce qui pourrait rendre Moscou peu préparé à jouer un rôle de médiateur entre Téhéran et Washington. Cependant, Abadi a reconnu que la Russie est un allié pour l’Iran et un acteur clé dans les négociations nucléaires iraniennes, rendant son rôle incontournable.
Elle a conclu en affirmant que l’Iran ne néglige pas le rôle de Moscou, mais qu’en même temps, elle explore d’autres options et pistes.