Home ActualitéMobilisation historique contre la loi Duplomb : le gouvernement sous pression

Mobilisation historique contre la loi Duplomb : le gouvernement sous pression

by charles
France

Une mobilisation citoyenne sans précédent a secoué le paysage politique français concernant la loi Duplomb, une législation controversée liée notamment à la réintroduction de pesticides de la famille des néonicotinoïdes. En seulement une dizaine de jours, une pétition lancée par une étudiante sur le site de l’Assemblée nationale a recueilli plus de 1,6 million de signatures, dépassant largement le seuil de 500 000 signatures nécessaire pour déclencher un débat parlementaire.

Cette loi, défendue par le sénateur LR Laurent Duplomb, prévoit la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, un pesticide interdit en France en raison de ses effets dévastateurs sur les abeilles, mais toujours autorisé en Europe. La crainte principale portée par les opposants est l’impact environnemental de ce produit, ainsi que ses effets sur la santé humaine, qui restent encore peu étudiés.

Une réponse gouvernementale sous pression

Face à cette opposition massive, le camp présidentiel se trouve dans une position délicate. Si la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a exprimé sa volonté d’organiser un débat, la portée de celui-ci serait limitée, car il ne pourrait pas remettre en cause les dispositions déjà adoptées. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a indiqué que le gouvernement était « pleinement disponible » pour un débat, et des responsables politiques en soutien du texte, comme Marine Le Pen ou Marc Fesneau, ont plaidé pour une discussion démocratique.

Par ailleurs, le gouvernement a suggéré de saisir l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pour qu’elle émette un avis scientifique sur la législation. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a souligné que l’avis de l’autorité sanitaire pourrait éclairer les décisions à venir, tout en insistant sur la nécessité de préserver une agriculture « qualitative ». La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a également évoqué cette possibilité, afin de sortir des postures politiques et privilégier une approche fondée sur la science.

Les forces politiques et l’opposition mobilisées

Les opposants à la loi ont rapidement tiré profit de cette mobilisation citoyenne. La gauche, notamment la France Insoumise et le Parti socialiste, ont salué cette action populaire et espèrent faire avancer leur agenda d’abrogation. Jean-Luc Mélenchon a qualifié cette mobilisation de « masse » et a annoncé que des propositions de loi visant à annuler la loi Duplomb seraient déposées lors de la rentrée parlementaire.

Les écologistes, à l’origine de la pétition, insistent sur la nécessité de protéger la biodiversité, notamment les populations d’abeilles, mises en danger par l’utilisation de pesticides nocifs.

Une crise politique et des menaces

La polémique s’accompagne également de tensions croissantes, avec des menaces proférées à l’encontre de parlementaires ayant soutenu la loi. Selon le ministère de l’Intérieur, neuf atteintes à l’intégrité de parlementaires ont été recensées, tandis que le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a ordonné aux procureurs d’adopter une attitude ferme face à ces intimidations.

Laurent Duplomb, pour sa part, dénonce une instrumentalisation de la mobilisation par ses opposants, et estime que cette mobilisation sert avant tout à faire pression sur le Conseil constitutionnel, saisi pour examiner la légalité de la loi. Si cette institution venait à censurer la loi, cela ouvrirait la voie à une nouvelle délibération parlementaire, ce qui pourrait provoquer une crise gouvernementale, surtout dans un contexte de forte polarisation politique.

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