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À l’Assemblée nationale, deux motions de censure visant le Premier ministre Sébastien Lecornu ont été examinées ce jeudi 16 octobre. Le vote n’a pas permis de renverser le gouvernement: la motion de censure déposée par La France insoumise a recueilli 271 voix sur 289 nécessaires, tandis que celle déposée par le Rassemblement national en a obtenu 144. Les socialistes, comme l’ensemble du camp de la gauche et une partie du groupe LR, ont largement privilégié l’abstention ou le vote conforme à la ligne de leur groupe. Cette journée met toutefois en lumière les dissensions internes et les limites du gain politique pour Lecornu, qui cherche encore une solution autour de la réforme des retraites et du budget.
À l’Assemblée, Lecornu échappe à la censure des deux motions
La motion de censure portée par La France insoumise a rassemblé 271 suffrages, loin des 289 requis pour faire tomber le gouvernement. Selon les chiffres officiels, sept socialistes ont voté en sa faveur, mais le reste du PS s’est abstenu. « La direction du Parti socialiste porte une responsabilité historique », a estimé Mathilde Panot devant les journalistes à l’Assemblée, appelant les militants, électeurs et « la jeunesse » du PS à « rompre les rangs avec la direction du Parti socialiste et à venir aider le pôle de résistance ». La motion a été défendue malgré l’unité affichée par le camp présidentiel et les répercussions internes chez les LR.
La motion déposée par le RN a réuni 144 voix, majoritairement les siennes mais aussi trois voix dans le groupe LR Droite républicaine. La gauche avait indiqué qu’elle ne votera pas la motion du parti de Marine Le Pen. L’examen des chiffres a aussi mis en lumière les dissensions dans les rangs LR et chez certains députés d’autres formations de droite.
Réactions et analyses des camps
La synthèse des votes a été tratée comme une confirmation des clivages habituels: la gauche se dépareille parfois entre abstention et soutien ciblé, tandis que l’extrême droite et le centre gauche restent partagés sur les risques du dialogue autour des réformes. « Le Parti socialiste porte une responsabilité historique », a ajouté Mathilde Panot, tandis que d’autres observers ont souligné les limites de ce que signifie « gagner une manche » pour le gouvernement dans une période marquée par une attente de concrétisation des mesures promises.
« Notre non-censure d’aujourd’hui n’est en aucun cas un “pacte de non-censure”. Nous ne nous engageons à rien, et surtout pas à voter ou laisser passer le budget récessif et injuste que vos ministres nous ont présentés. Nous ne renonçons à rien » , a prévenu Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire, qui s’exprimait à la tribune au nom du groupe présidé par Boris Vallaud. Cette intervention illustre la posture de vigilance du PS, qui s’engage à maintenir la pression sur l’exécutif sans pour autant se rallier à une censure immédiate.
Du côté des défenseurs du gouvernement, certains ont tenté d’insister sur le fait qu’un vote de censure n’équivaut pas à une chute du pouvoir lorsque les marges internes au Parlement restent fragiles et lorsque les quatre grands blocs ne parviennent pas à s’unir autour d’un programme commun. « Sébastien Lecornu pense avoir gagné, il a gagné provisoirement, il a gagné la première manche », a estimé Gabrielle Cluzel, rédactrice, qui ajoutait que le véritable enjeu réside dans la suite des échanges et dans l’issue du budget.
Enjeux et perspectives pour le gouvernement
Si l’issue des votes a permis au gouvernement de rester en place, les parlementaires de l’opposition et des partis de gauche se disent déterminés à poursuivre leur pression, notamment sur la réforme des retraites et sur le calendrier budgétaire. Dans ce contexte, les écarts internes chez LR et chez d’autres formations continuent d’alimenter les analyses sur le réalisme politique d’un renversement dans les prochaines semaines.
Sur le plan pratique, la prochaine étape demeure la mise en œuvre de la réforme promise et une clarification du véhicule législatif accompagnant la suspension de la réforme des retraites. Les députés se retrouvent en période préélectorale: l’issue des scrutins et la manière dont les groupes alignent leurs positions pourraient influencer les stratégies pour les mois à venir.