À l’approche des municipales de 2026, Laurance Bussière, présidente de l’association des maires ruraux de l’Eure, poursuit son travail de terrain contre les violences qui touchent les élus, qu’ils exercent en milieu urbain ou rural. Maire de Daubeuf-la Campagne, une commune de 247 habitants sur le plateau de Le Neubourg, elle achève son troisième mandat et vise un nouveau bail de six à sept années pour continuer d’orienter l’action de l’association.
Depuis près d’une dizaine d’années, elle porte une attention constante aux incivilités et aux actes de violence, verbales et parfois physiques, dont sont victimes ceux qui donnent du temps et de leur énergie au service des administrés. Son engagement prend une dimension départementale : elle est référente sur les violences intrafamiliales et, sur le terrain, elle innove dans le champ public. En 2024, elle a consolidé des dispositifs déjà imaginés dans plusieurs communes rurales de l’Eure.
À l’aube d’une nouvelle consultation municipale, les élus ruraux restent confrontés à des comportements inappropriés, et parfois délictueux, malgré les mesures mises en place. La présidente poursuit le combat et continue d’étendre les outils liés à la sécurité des élus.
Des ateliers d’autodéfense et de gestion des conflits ont été lancés dès 2019. « Dès 2019 nous avons organisé des ateliers d’autodéfense et de gestion des conflits pour les élus », rappelle-t-elle. Elle les a mis en place avec son mari, compétent dans le domaine, et l’appui d’un psychologue. Celui-ci leur a apporté des conseils sur les postures à adopter et les mots à employer pour désamorcer un conflit naissant et éviter que la situation ne dégénère.
Plusieurs sessions se sont déroulées avant et après la pandémie de Covid, et les élus ont pu échanger et s’exercer mutuellement. « Nous nous sommes enrichis aussi les uns et les autres en racontant les situations auxquelles nous avions été confrontés », poursuit-elle, et ensemble ils ont élaboré des recettes pour mieux gérer ces situations.
En parallèle, elle a impulsé une innovation pour le champ public en 2024 : une application d’alerte. « Nous sommes les premiers dans l’Eure à adopter MonSherif », affirme-t-elle. Téléchargeable sur un smartphone, l’application est reliée à un petit enregistreur qui conserve les échanges. L’alerte est progressive : après un premier coup sur l’écran, les habitants de la commune sont avertis; après deux coups, ils contactent la personne en difficulté et après trois coups, l’enregistrement est sauvegardé et une intervention peut être déclenchée.
À Daubeuf-la Campagne, cinq personnes ont été équipées, dont la secrétaire de mairie, les agents travaillant à l’école et le cantonnier, outre la maire elle-même. D’autres communes rurales de l’Eure ont opté pour cette solution.