Négociations cruciales : Ukraine et États-Unis se retrouvent à Djeddah

Négociations cruciales : Ukraine et États-Unis se retrouvent à Djeddah

Les regards se tournent vers la ville de Djeddah, en Arabie Saoudite, où des délégations ukrainiennes et américaines s’apprêtent à se réunir aujourd’hui, mardi, pour des négociations visant à redynamiser la position ukrainienne après le bouleversement politique causé par les discussions directes entre Washington et Moscou pour mettre fin à la guerre en Ukraine.

Contexte de la situation ukrainienne : pertes politiques et militaires

Les déclarations du président américain Donald Trump le mois dernier sur le début des négociations directes avec son homologue russe Vladimir Poutine et l’absence de l’Ukraine lors de ces discussions ont suscité de vives inquiétudes à Kiev.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté un accord préliminaire concernant un échange d’actifs miniers ukrainiens contre des investissements américains, ce qui a provoqué une confrontation lors de sa visite à Washington, se heurtant publiquement à JD Vance, le vice-président américain.

Ces événements se produisent dans un contexte très délicat, alors que les États-Unis ont suspendu leur aide militaire à Kiev et ont interrompu les échanges d’informations de renseignement, laissant l’Ukraine dans une position militaire précaire, surtout face à l’escalade russe.

Nouvelles propositions ukrainiennes pour un cessez-le-feu

À Djeddah, l’Ukraine est prête à présenter un nouveau plan visant à réduire les tensions et à établir un cadre de négociation.

Ce plan repose sur un cessez-le-feu aérien et maritime, protégeant ainsi les civils ukrainiens des bombardements russes intensifiés, tout en offrant à Moscou l’opportunité de négocier la liberté de navigation en mer Noire.

Un cessez-le-feu maritime pourrait être perçu comme un geste de bonne volonté pour Moscou, qui a vu sa flotte maritime partiellement détruite par l’Ukraine.

Kyiv souligne que le maintien de la circulation maritime est crucial pour éviter l’effondrement de son économie. Ce plan bénéficie du soutien britannique et européen, l’Ukraine espérant qu’il servira de tremplin pour restaurer la coopération en matière de renseignement avec Washington.

Le rôle américain et l’agenda des négociations

La délégation américaine est dirigée par le secrétaire d’État Marco Rubio, avec une importance particulière accordée à Stephen Wittkoff, un proche de Trump et son envoyé spécial au Moyen-Orient, qui a joué un rôle clé dans l’organisation des échanges de prisonniers avec la Russie et dans la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement Hamas récemment.

Wittkoff s’attend à des avancées significatives durant cette ronde de négociations, évoquant la possibilité d’aborder des questions de sécurité et régionales sensibles. Cela intervient alors que Trump continue de dissocier le dossier des garanties de sécurité de celui des investissements miniers, compliquant ainsi les négociations pour les Ukrainiens.

Priorité de l’Ukraine : restaurer la coopération et le renseignement

Les observateurs soulignent que l’absence de soutien en matière de renseignement américain a plongé les forces ukrainiennes dans un état de « cécité sur le terrain », surtout avec l’augmentation des pertes dues aux contre-attaques russes.

Le récent assaut russe dans la région de Koursk a suivi la perte par l’Ukraine de renseignements précis sur lesquels elle s’appuyait pour cibler les missiles russes à longue portée. Kyiv espère également que le cessez-le-feu proposé permettra de gagner du temps et d’obtenir des gains politiques et militaires face aux pressions américaines et aux menaces russes.

Avenir incertain

Avec l’intensification des risques politiques et militaires, l’Ukraine cherche à s’assurer d’avoir son mot à dire dans tout accord de paix potentiel.

Zelensky est conscient que le destin de son pays dépend en grande partie de sa capacité à restaurer le soutien américain et à bâtir une alliance avec les alliés européens.

Alors que Trump maintient que « l’Ukraine pourrait ne pas survivre », la question demeure de savoir si les négociations de Djeddah redéfiniront les contours de la solution.