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Au moins 51 personnes ont été tuées lors de violentes protestations anticorruption au Népal cette semaine, tandis que des milliers de prisonniers évadés pendant le chaos restent en fuite, ont indiqué les autorités. La crise survient alors que l’ancienne présidente de la Cour suprême, Sushila Karki, semble destinée à être nommée Premier ministre par intérim.
Les manifestations, connues sous le nom de protestations Népal 2024, ont provoqué une grave instabilité politique et sociale dans la capitale Katmandou et dans d’autres régions du pays.
Bilan des violences
Le porte-parole de la police, Binod Ghimire, a précisé que, parmi les 51 morts recensés cette semaine, on comptait :
- 21 manifestants tués lors d’une répression policière;
- 9 prisonniers morts pendant ou après leur évasion;
- 3 membres des forces de l’ordre tués;
- 18 autres victimes non détaillées par la police.
En outre, environ 1 300 personnes ont été blessées au cours des affrontements alors que les forces tentaient de maîtriser les foules.
Évasions massives et poursuites
Les autorités ont fait état d’une évasion massive : près de 13 500 détenus se seraient évadés de plusieurs prisons à travers le pays. Parmi eux, 12 533 restent encore en fuite d’après la police.
Certains fugitifs auraient tenté de traverser la frontière vers l’Inde, où plusieurs ont été interceptés par les forces frontalières indiennes. Les forces armées népalaises, qui ont instauré un couvre-feu, ont également déclaré avoir récupéré plus de 100 armes à feu pillées pendant les émeutes.
Contexte politique et nomination attendue
La montée de l’incertitude politique intervient alors que le président Ramchandra Paudel et le chef de l’armée Ashok Raj Sigdel se préparaient à rencontrer Sushila Karki et un dirigeant du mouvement de jeunesse.
Un expert constitutionnel consulté par les autorités (sous couvert d’anonymat) a indiqué à l’agence Reuters que Karki devait être nommée Premier ministre par intérim. Selon lui, les manifestants de la « Gen Z » la soutiennent et la voient comme une voix anticorruption.
Cependant, des incertitudes subsistent quant à la possibilité pour Karki d’exercer cette fonction si elle n’est pas membre du parlement, ce qui soulève la perspective d’une dissolution parlementaire ou même d’une remise en cause constitutionnelle.
Origine et déroulement des manifestations
Les manifestations ont éclaté initialement contre une interdiction des réseaux sociaux décrétée par le gouvernement, ainsi que contre la corruption et la mauvaise gouvernance. Une forte répression a fait 21 morts lors d’une journée de manifestations.
Le mouvement s’est intensifié : le parlement a été incendié, le Premier ministre KP Sharma Oli a démissionné, et l’armée est intervenue pour reprendre le contrôle des rues.
Pour en savoir plus sur le contexte des manifestations : https://www.aljazeera.com/features/2025/9/9/we-want-mass-resignations-nepals-gen-z-anger-explodes-after-19-killed et sur les événements précédents : https://www.aljazeera.com/news/2025/9/8/six-killed-in-nepal-amid-gen-z-protests-after-social-media-ban-all-to-know
Situation sur le terrain et réactions
Des images aériennes et des vidéos montrent des zones fortement endommagées à Katmandou après les affrontements, et des manifestants ont été filmés brandissant des armes automatiques lors de certains incidents.
Malgré la violence, des signes de retour à la normale ont été observés : des commerces ont rouvert, la circulation reprend timidement et le personnel policier semble porter davantage de matraques que d’armes à feu.
- Routes partiellement bloquées ;
- Patrouilles militaires moins nombreuses qu’aux pires moments ;
- Remise des corps aux familles endeuillées.
Visages humains de la tragédie
Les autorités ont commencé à restituer les corps des victimes aux familles. Karuna Budhathoki, en attente du corps de son neveu de 23 ans à l’hôpital universitaire de Katmandou, a déclaré : « Alors que ses amis ont reculé (lors des manifestations), il a décidé d’y aller. »
« On nous a dit qu’il avait été apporté mort à l’hôpital », a-t-elle ajouté, illustrant le coût humain élevé de ces événements.
Lectures complémentaires
Reportages et vidéos liés aux affrontements et à leurs conséquences :
- Vidéo — dégâts aériens à la capitale : https://www.aljazeera.com/video/newsfeed/2025/9/11/video-aerial-video-shows-damage-in-nepals-capital-after-mass-protests
- Entretien — l’armée en discussion avec les manifestants : https://www.aljazeera.com/news/2025/9/11/nepal-army-says-in-talks-with-protesters-to-decide-on-interim-leader
- Nettoyage d’un commissariat incendié : https://www.aljazeera.com/video/newsfeed/2025/9/11/nepal-cleans-up-burnt-out-police-station-after-deadly-protests
La situation reste fluide et le pays s’engage probablement dans une période prolongée d’incertitude politique et sociale.