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ÉTATS-UNIS – Même certains républicains ont cru à une blague. Le futur président des États-Unis, Donald Trump, s’est lancé dans une vague de nominations ce mercredi 13 novembre et a annoncé qu’il souhaitait voir Matt Gaetz à la tête du département de la Justice (« DOJ ») à partir de janvier. Un choix qui choque toute la classe politique.
Une nomination controversée
Dans un communiqué, le milliardaire républicain, élu triomphalement face à Kamala Harris la semaine dernière, a affirmé son soutien à Matt Gaetz afin qu’il mette « fin à l’instrumentalisation de notre administration » et à la « corruption au sein du département de la justice », qui a mené une « chasse aux sorcières » contre lui pendant la présidence de Joe Biden. « Ce sera un honneur », a répondu Matt Gaetz sur X.
Cette nomination a fait l’effet d’une bombe du côté des démocrates, mais aussi chez les républicains. L’agence Associated Press a interrogé Mike Simpson, un représentant qui était en réunion avec d’autres élus du parti de Donald Trump au moment de l’annonce. « Tout le monde disait “oh mon Dieu” », a-t-il rapporté. « C’est la plus grosse surprise que j’aie eue depuis longtemps », a-t-il ajouté.
La journaliste de *The Hill*, Emily Brooks, a ajouté sur X que des cris de surprise avaient été entendus lors de cette même réunion. Quant à l’élue républicaine Susan Collins, elle a déclaré être « choquée » que le fantasque républicain de 42 ans soit choisi pour le poste de procureur général, équivalent du ministre de la Justice.
MAGA pur jus
Cette réaction épidermique tient au fait que Matt Gaetz est un MAGA (« Make America Great Again », slogan de Donald Trump) pur jus. Élu depuis 2016 au Congrès, opposé au droit à l’avortement, ouvertement climatosceptique, défenseur du lobby des armes à feu, propagateur de la théorie complotiste du grand remplacement, cet avocat épouse pratiquement toutes les positions de la droite américaine la plus extrême.
L’élu de Floride, habitué de Fox News et aux faux airs de Jack Nicholson, a servi à la Commission judiciaire de la Chambre des représentants où il a critiqué l’enquête sur les liens entre la Russie et son mentor en 2016. Il est aussi l’un de ceux qui ont le plus dénoncé l’élection soi-disant volée de 2020. Mais c’est sa bataille contre Kevin McCarthy qui l’a mis au centre du jeu politique.
Plusieurs fois visé par des enquêtes
Plus problématique pour un potentiel futur procureur général, Matt Gaetz a été plusieurs fois dans le viseur de la justice. Le DOJ et le FBI ont notamment enquêté sur une relation sexuelle rémunérée qu’il aurait eue avec une jeune fille de 17 ans, une allégation qu’il a récusée en se disant victime de l’establishment.
On lui a aussi reproché de possibles détournements de fonds publics, des faits ayant déclenché une enquête de la commission d’éthique de la Chambre des représentants. En outre, il a été critiqué pour avoir invité un négationniste de la Shoah au discours sur l’État de l’Union de Donald Trump en 2018. L’élu a dit ne pas être au courant des convictions de son invité.
« Je suis l’homme le plus ciblé par les enquêtes au Congrès des États-Unis », a même un jour déclaré le bouillonnant représentant, une phrase s’inspirant directement de la rhétorique de Donald Trump. Dans la foulée de l’annonce du président élu, Matt Gaetz a annoncé sa démission de son poste de représentant de Floride au Congrès, mettant fin dans le même temps à l’enquête du comité d’éthique qui était toujours en cours.
Un avenir incertain
Pour accéder au poste de procureur général, Matt Gaetz devra toutefois passer par le grill du Sénat, qui va devoir confirmer (ou non) cette nomination. Et cela ne risque pas d’être une partie de plaisir. Le représentant républicain Mike Simpson a avoué auprès d’Associated Press qu’il avait « du mal à croire qu’il puisse réussir à passer le processus de confirmation ». Plus cru, son collègue Max Miller a lâché : « Gaetz a plus de chance d’avoir un dîner avec la reine Elizabeth II que d’être confirmé par le Sénat. »