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Le géant des semi-conducteurs Nvidia affiche des projets d’investissements spectaculaires pour la construction de nouvelles usines aux États-Unis, avec un montant annoncé pouvant atteindre jusqu’à 500 milliards de dollars, soit environ 470 milliards d’euros. Cependant, une grande partie de ces investissements était déjà programmée avant la politique commerciale de Donald Trump, soulevant des interrogations sur la portée réelle de cette annonce.
Des investissements massifs annoncés dans le secteur des semi-conducteurs
Le lundi, Nvidia a révélé son intention de fabriquer pour la première fois des supercalculateurs d’intelligence artificielle entièrement aux États-Unis. Deux usines seront construites au Texas en collaboration avec les sous-traitants asiatiques Foxconn à Houston et Wistron à Dallas.
Le montant des investissements évoqué paraît impressionnant : Nvidia et ses partenaires envisagent de mobiliser jusqu’à 500 milliards de dollars. Cette annonce intervient peu après que l’administration américaine a menacé d’imposer des droits de douane sur les importations de semi-conducteurs.
Donald Trump a rapidement salué cette nouvelle comme un succès majeur de sa politique économique, déclarant dans le bureau ovale que ces centaines de milliards de dollars d’investissements étaient une consécration de sa stratégie commerciale, et que l’augmentation des droits de douane favorisaient ces décisions.
Une réalité plus nuancée derrière les chiffres annoncés
Les investissements record de Nvidia aux États-Unis incluent toutefois des projets déjà salués auparavant, notamment sous la présidence de Joe Biden. En 2022, Jensen Huang, PDG de Nvidia, avait déjà présenté avec le fabricant taïwanais TSMC et le président Biden un plan pour tripler les investissements dans une usine de semi-conducteurs en Arizona. Cette usine est également intégrée dans le montant global des 500 milliards de dollars annoncés.
Ces opérations sont coûteuses pour les contribuables américains : TSMC a reçu près de 12 milliards de dollars d’aides directes et de prêts dans le cadre de la loi sur les puces électroniques promue par Biden, laquelle a été souvent critiquée par Trump.
En outre, certains doutes subsistent concernant les projets dits « nouveaux » à Houston et Dallas, notamment en raison d’un calendrier de production qui prévoit un démarrage massif dans 12 à 15 mois, rendant peu probable une prise de décision récente.
Un contexte économique et politique tendu
Nvidia semblerait vouloir suivre l’exemple d’Apple, qui en février avait annoncé une enveloppe d’investissement de 500 milliards de dollars aux États-Unis, créant 20 000 emplois. Déjà sous Trump, les médias américains avaient souvent pointé la stratégie des entreprises consistant à « rebrander » des investissements déjà en cours en présentant ces derniers comme de nouveaux projets créateurs d’emplois.
La communication des entreprises, souvent épaulée par des départements de relations publiques bien rodés, adapte ses discours en fonction du contexte politique : sous Joe Biden, beaucoup s’étaient engagés sur des réductions d’émissions de CO2 et des programmes de diversité, tandis que sous Trump, ces engagements ont souvent été effacés des communications officielles.
Le rôle des pressions politiques dans les promesses d’investissements
Avec la montée des pressions politiques pour la création d’emplois sur le sol américain, les entreprises éprouvent l’obligation de promettre des investissements importants. Ces annonces sont d’autant plus valorisées par l’administration lorsque les montants annoncés dépassent ceux réalisés sous la présidence précédente.
À titre d’exemple, Johnson & Johnson a récemment annoncé un plan d’investissement supérieur à 55 milliards de dollars aux États-Unis sur quatre ans, soit une augmentation de 25 % comparée à la période précédente sous Biden. Apple insiste aussi sur la durée quadriennale de ses engagements, contrastant avec les plans quinquennaux généralement pratiqués en Chine.
Cependant, la concrétisation de ces investissements reste incertaine, une réalité bien connue des autorités à Washington.
Un jeu gagnant-gagnant pour la politique et les entreprises
À court terme, cette situation crée une dynamique bénéfique pour les deux parties : Trump peut vanter publiquement ces projets comme les résultats directs de sa politique douanière, tandis que les entreprises gagnent en visibilité et soutien politique.
Cette dépendance aux bonnes nouvelles est d’autant plus importante que de nombreux économistes craignent un gel des investissements tant que la situation tarifaire demeure incertaine. Le contexte évolue rapidement, avec, par exemple, une exemption de droits de douane annoncée samedi dernier sur plusieurs produits électroniques importés de Chine, rétroactive au 5 avril.
Mais dès le lundi suivant, la Maison Blanche a indiqué vouloir poursuivre l’introduction de nouveaux droits de douane sur les importations de semi-conducteurs et de produits pharmaceutiques, lançant des enquêtes en ce sens, ce qui pourrait annoncer une nouvelle hausse des barrières tarifaires.