Octobre Rose en Dordogne : polémique politique et désengagement des mairies

Octobre Rose en Dordogne : retrait de soutien après une médaille remise par Serge Muller

La crise a débuté à la suite d’un message publié sur les réseaux sociaux par Serge Muller, député RN élu dans le Bergeracois. « C’est un scandale », écrit-il, accusant la mairie de Bergerac et d’autres municipalités de se désolidariser du Comité Féminin Dordogne à quelques jours du lancement de la campagne Octobre Rose.

La mairie de Bergerac reproche à la présidente du comité, Annie Le Cam, d’avoir accepté « des mains de Serge Muller, une médaille de l’Assemblée Nationale » récompensant le travail de l’association. Confrontée, Annie Le Cam confirme : « Oui, c’est vrai que j’ai reçu cette médaille ». La distinction lui a été remise début février, lors des vœux du député RN, pour les actions du comité dans la lutte contre le cancer du sein en Dordogne.

Ruptures locales et redirection des dons

La révélation a provoqué des départs et des décisions de collectivités. Marie-Claude Andrieux, membre du bureau du Comité Féminin Dordogne et 7e adjointe à la mairie de Bergerac, a quitté l’association, estimant que la présidente s’était affichée aux côtés d’un élu RN pour des raisons politiques. « C’est de l’affichage politique, très clairement », déclare-t-elle à ICI Périgord.

Plusieurs municipalités du Bergeracois ont annoncé qu’elles ne collaboreraient plus avec le comité. Selon le député Serge Muller, il s’agit de Bergerac, Prigonrieux « mais aussi de Creysse ». La mairie de l’agglomération bergeracoise indique qu’auparavant les dons récoltés lors des manifestations Octobre Rose étaient reversés directement à l’hôpital de Bergerac et non via le Comité Féminin Dordogne.

Annie Le Cam s’inquiète de l’impact financier et humain : « Ce sont des dizaines de milliers d’euros qui ne vont plus passer par l’association parce qu’on m’accuse de faire de la politique alors que moi, ma mission, cela a toujours été de soigner des gens et d’aider des femmes ». Elle ajoute : « Je n’ai pas fait 25 ans de bénévolat pour me retrouver dans des querelles politiques ».

Positions des mairies et critiques politiques

La mairie de Bergerac affirme soutenir la décision de son élue et reproche à la présidente du comité un manque de transparence. L’adjointe en charge de l’état civil, de la Santé et des Anciens combattants explique : « Je ne partagerai jamais les idées de Mr Muller et je trouve que la démarche de la présidente du comité est explicitement politique. À aucun moment, elle n’a évoqué cette remise de médaille lors du bureau de l’association. C’est un acte politique et nous ne cautionnons pas cela, surtout lorsqu’on parle d’aider les femmes victimes du cancer du sein ou d’appeler à la prévention ».

La mairie de Prigonrieux a suivi la position de Bergerac. Pour Queyssac, ville également citée par le député Muller, la maire Maryse Roche indique une autre préoccupation : « c’est un choix différent, car nous avons estimé que la transparence n’était à son maximum au sein du comité féminin Dordogne ».

Conséquences pour l’association et calendrier

Les collectivités qui se sont désengagées assurent que les dons seront désormais reversés à l’hôpital de Bergerac ainsi qu’à la Ligue contre le cancer. Annie Le Cam reconnaît avoir reçu « plusieurs nouveaux partenaires cet été, mais je ne savais pas pourquoi » et annonce son départ prochain : « Je vais arrêter prochainement mon poste de présidente ».

La présidente affirme vouloir transmettre la responsabilité sans alimenter davantage la polémique : « Je n’ai jamais voulu faire de polémique et il est temps de transmettre le flambeau ». Contactée, la mairie de Périgueux, également partenaire du comité, n’avait pas, au moment du reportage, communiqué sa décision quant à la poursuite de son soutien.

Rappel : la campagne de sensibilisation Octobre Rose débute ce mercredi 1er octobre, et les collectivités concernées ont indiqué les modalités de redirection des collectes et dons pour cette opération.