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À l’occasion du 80ᵉ anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Olaf Scholz, chancelier allemand sortant, a prononcé son dernier grand discours public au mémorial de Neuengamme à Hambourg, exhortant à la défense d’une Europe unie et pacifique. Cette commémoration, rassemblant plusieurs centaines d’invités internationaux, dont des survivants de l’Holocauste et leurs familles, a aussi donné la parole à une rescapée du camp.
Un plaidoyer pour l’Europe unie face aux menaces contemporaines
Dans un contexte marqué par l’invasion russe en Ukraine et les tendances autocratiques se multipliant à travers le monde, Olaf Scholz a souligné la responsabilité particulière de l’Allemagne, en raison de son histoire, dans la protection de l’unité européenne. Il a rappelé que la principale leçon tirée des horreurs déclenchées par l’Allemagne nazie – guerre, dictature et génocide de millions d’innocents – est la nécessité absolue pour les Européens d’abandonner définitivement la guerre entre peuples.
Pour Scholz, l’Europe, fondée sur la liberté, la démocratie et l’État de droit, représente un « contre-modèle vivant et vibrant » face aux atrocités guerrières. Il a mis en garde contre les autocrates, extrémistes et populistes, qui cherchent à détruire cette paix et cette unité, y compris sur le sol européen. « L’Allemagne ne doit surtout pas permettre que ces forces gagnent, car nous savons jusqu’où mènent l’impérialisme, la privation des droits et la haine raciale », a-t-il insisté.
Le maire de Hambourg rappelle l’importance d’une vigilance démocratique constante
Peter Tschentscher, maire de Hambourg, a également pris la parole, soulignant que les crimes nazis et l’Holocauste ont débuté par des discriminations, du populisme et une propagande haineuse. Ces éléments ont rapidement conduit à l’érosion de la démocratie, à un racisme systématique et au mépris des êtres humains.
Il a insisté sur le fait que la démocratie et la liberté ne peuvent être préservées uniquement par les lois et les tribunaux, mais requièrent un engagement constant de tous contre l’antisémitisme, le populisme et toute forme de discrimination, avec une posture ferme en faveur de la tolérance, de l’humanité et de la liberté.
Une survivante de Neuengamme alerte sur la résurgence de la propagande
Parmi les participants à cette commémoration figurait Helga Melmed, une survivante née à Berlin, venue des États-Unis. À 97 ans, elle s’est dite profondément préoccupée par les évolutions politiques mondiales actuelles. Elle a évoqué un « chaos » croissant et une « propagande hypnotisante » qui envahit à nouveau les esprits.
Elle s’interroge sur la répétition des erreurs des dirigeants mondiaux et appelle à la mobilisation générale contre la haine et l’oppression, partout où elles se manifestent.
Neuengamme : un lieu de mémoire chargé d’histoire
Le camp de concentration de Neuengamme et ses 85 annexes ont enfermé plus de 100 000 personnes, selon la Fondation des mémoriaux et lieux d’apprentissage de Hambourg. Au moins 42 900 d’entre elles y ont trouvé la mort.
Lorsque les soldats britanniques ont pris Hambourg sans combat le 3 mai 1945, le camp avait déjà été évacué par la SS, les prisonniers ayant été contraints à des marches de la mort vers d’autres camps. Le même jour, près de 7 000 détenus sont morts dans un raid aérien britannique sur des navires dans la baie de Lübeck. Ces prisonniers, embarqués sur les navires « Cap Arcona » et « Thielbek », avaient été placés là par la SS. Les circonstances exactes de ce drame restent inexpliquées.