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La Somalie a demandé la tenue d’une séance d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies après l’annonce officielle de la reconnaissance par Israël de la république autoproclamée du Somaliland, une décision vivement dénoncée par Mogadiscio comme contraire au droit international. Selon des sources diplomatiques, la réunion extraordinaire devrait se tenir lundi à 15h00, heure de New York, conformément aux indications transmises par la mission israélienne aux journalistes.
Demande d’urgence au Conseil de sécurité
La convocation d’une session d’urgence intervient alors que la question de la reconnaissance du Somaliland suscite une vive réaction diplomatique internationale. La mission d’Israël auprès de l’ONU a indiqué aux médias le calendrier prévu pour la séance, soulignant l’intensité des échanges à venir au sein du Conseil.
De son côté, l’ambassadeur permanent d’Israël à l’ONU, Dany Danon, a affirmé dans un message publié sur la plateforme X que son pays entend poursuivre des actions «responsables» visant à renforcer la coopération avec des partenaires contribuant à la stabilité régionale.
Réactions à Mogadiscio
À Mogadiscio, le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a condamné fermement la décision, la qualifiant d’acte agressif et illégal. Il a insisté sur le fait que l’intervention dans les affaires intérieures de la Somalie contrevient aux règles juridiques et diplomatiques établies, et a réaffirmé l’unité du pays et de son peuple.
Le Premier ministre Hamza Abdi Barre a également dénoncé l’annonce comme une atteinte flagrante à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Somalie, qualifiant la mesure d’invalide tant sur le plan juridique que religieux. Il a précisé, lors d’entretiens avec les médias, que cette reconnaissance n’a aucun effet légal et qu’elle ne saurait remettre en cause le statut d’État souverain de la Somalie, aux frontières reconnues internationalement.
Le Premier ministre a en outre mis en garde contre les implications géopolitiques de la démarche, estimant qu’Israël cherche à gagner un point d’appui dans la Corne de l’Afrique pour renforcer son influence sur la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb.
Condamnations régionales et internationales
Vingt et un pays arabes et musulmans ont exprimé leur rejet catégorique de la reconnaissance du Somaliland, estimant que la décision porte atteinte à la stabilité du bassin de la mer Rouge et du continent africain. Parmi les États et organisations qui se sont rapidement prononcés figurent l’Égypte, la Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar, la Jordanie, Djibouti et le Yémen, ainsi que des instances régionales telles que la Ligue arabe, le Conseil de coopération du Golfe, l’Organisation de la coopération islamique et l’Union africaine.
Plusieurs pays européens et institutions internationales ont aussi fait part de leur opposition ou de leurs réserves. Les États-Unis ont annoncé qu’ils continuent de reconnaître l’unité territoriale de la Somalie, y compris la région du Somaliland.
Réponse des autorités somaliennes et démarche israélienne
Le bureau du Premier ministre israélien a publié un communiqué officialisant la reconnaissance, provoquant la réaction immédiate du gouvernement fédéral somalien. Mogadiscio a réaffirmé son engagement «absolu et non négociable» en faveur de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays, qualifiant l’acte israélien d’illégal.
Les autorités somaliennes considèrent qu’un accord ou un contact bilatéral avec les responsables du Somaliland équivaudrait à une atteinte à la souveraineté nationale et à l’unité territoriale de la République fédérale de Somalie.
Le statut du Somaliland
Le Somaliland, qui a proclamé son indépendance de facto en 1991, fonctionne depuis comme une entité administrative, politique et sécuritaire distincte, malgré l’absence de reconnaissance diplomatique internationale. Le gouvernement central somalien n’a jamais réussi à exercer un contrôle effectif sur cette région, et la direction locale demeure incapable d’obtenir une reconnaissance généralisée.
La nouvelle reconnaissance par Israël vient ainsi raviver un vieux différend sur le statut de cette région et pourrait compliquer davantage les efforts diplomatiques visant à trouver une solution politique entre Mogadiscio et Hargeisa.
Enjeux géopolitiques
Au-delà des aspects juridiques, les autorités somaliennes et plusieurs pays voisins voient dans cette décision des motivations géostratégiques, notamment la volonté d’obtenir un accès et une influence renforcée sur les voies maritimes stratégiques de la mer Rouge et du détroit de Bab el-Mandeb.
Alors que le Conseil de sécurité se prépare à débattre de la situation, la communauté internationale suit de près les retombées potentielles de cette reconnaissance du Somaliland sur la stabilité régionale et sur les équilibres diplomatiques en Afrique de l’Est.