Home ActualitéParlement européen: vote sur l’interdiction des dénominations comme steak végétal

Parlement européen: vote sur l’interdiction des dénominations comme steak végétal

by charles
Union européenne

Le Parlement européen a voté mercredi 8 octobre pour interdire l’usage de termes comme « steak végétal », « saucisse végétale » ou « hamburger » pour des produits qui ne contiennent pas de viande. Les eurodéputés ont soutenu par 355 voix pour et 247 voix contre une proposition de la droite bannissant des dénominations comme « steak végétal », afin d’éviter une « confusion » avec les produits carnés. Mais le débat est loin d’être clos: la mesure doit encore être négociée avec les 27 États européens. « il s’agit de transparence et de clarté pour le consommateur et de reconnaissance pour le travail de nos éleveurs », a déclaré Céline Imart. Elle a ajouté: « il n’est « aucunement question d’interdire les alternatives végétales, mais je suis attachée à la valorisation des termes, à leur sens véritable », ajoute cette élue française, également exploitante céréalière.

En Europe, la règle passe au Parlement

Depuis Strasbourg, le texte est présenté comme une étape nécessaire pour mieux distinguer les produits d’origine végétale de la viande. Le débat s’étend au‑delà des seules étiquettes: les acteurs de la distribution et les producteurs s’inquiètent des conséquences pratiques et des coûts d’adaptation. En Allemagne, Lidl et Aldi estiment que l’interdiction de termes familiers rendrait « beaucoup plus difficile pour les entreprises la vente de leurs produits » et pourrait peser sur le plus large marché européen des alternatives végétales.

Hamburger végétalien présenté au salon international
Hamburger végétalien présenté au salon international.

Des réactions et enjeux pour les acteurs

Des organisations de consommateurs ont exprimé une « déception » face à ce vote, estimant que près de 70 % des consommateurs européens comprennent ces noms tant que les produits sont clairement étiquetés comme véganes ou végétariens, selon Irina Popescu du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC). BEUC rappelle aussi qu’une consommation accrue des substituts de viande s’explique par des raisons de santé, de bien-être animal et d’environnement. L’objectif du texte n’est pas d’interdire les alternatives, assurent certains, mais de clarifier les termes afin d’éviter les confusions.

La droite est divisée: l’eurodéputé allemand Peter Liese a qualifié le processus de « dommage » et affirme: « Nous ne devons pas prendre les consommateurs pour des imbéciles », ajoutant qu’un emballage indiquant « burger végétarien » ou « saucisse végétarienne » permet à chacun de choisir librement. La Néerlandaise Anna Strolenberg a, elle, dénoncé le « lobby de la viande » qui « tente d’affaiblir ses concurrents innovants dans le domaine alimentaire ». Interbev, la filière élevage et viande française, critique quant à elle l’appropriation de noms historiquement liés à la viande et estime que les alternatives « brouillent les repères et affaiblissent la reconnaissance d’un produit brut et 100 % naturel ». Le PDG de La Vie, Nicolas Schweitzer, juge l’adoption du texte « une vraie déception » et affirme que cela « répondent à une vraie demande des consommateurs » tout en dénonçant une « tentative de déstabilisation de la progression des alternatives végétales ». En Allemagne, Lidl et Aldi redoutent aussi les effets sur la compétitivité des acteurs présents sur le marché.

Le contexte politique ne peut être dissocié de l’histoire récente: en 2020, les eurodéputés avaient rejeté une loi similaire, mais les élections européennes de 2024 ont migré l’équilibre parlementaire en faveur des formations plus proches du secteur agricole. En France, un décret envisagé en 2024 pour apaiser les agriculteurs avait été annulé par le Conseil d’État après une décision de la Cour de justice de l’Union européenne, un épisode qui nourrit le débat sur la manière dont les règles s’appliquent au niveau national et européen.

Vue d’ensemble sur des produits végétaux en vente en Europe
Photo illustrant les substituts végétaux sur le marché européen (extrait d’un article du Monde).

Impacts pour les marchés et pour la France

Au‑delà des débats idéologiques, l’enjeu porte sur l’information du consommateur et les coûts d’adaptation des entreprises. Les organisations et les entreprises estiment que des étiquetages clairs restent la clé, et que le cadre européen doit préserver la liberté de choix tout en évitant les confusions. Le texte, s’il est finalisé, pourrait guider les pratiques commerciales sans bloquer le développement des alternatives végétales qui répondent à des attentes croissantes en matière d’environnement et de santé.

You may also like

Leave a Comment