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Aujourd’hui, revenons sur l’interminable combat de l’écoféministe Pinar Selek, poursuivie par la justice turque depuis 1998. Une histoire tragique qui a débuté il y a presque 27 ans, à Istanbul.
Les débuts de l’acharnement judiciaire
Le 11 juillet 1998, Pinar Selek est embarquée de force dans un véhicule banalisé. Les autorités turques cherchent à lui arracher des informations confidentielles, car elle enquête sur la question kurde en pleine guerre d’indépendance menée par le PKK.
Pour protéger ses sources, elle refuse de dévoiler la moindre identité, ce qui déclenche un véritable cauchemar. Nuit et jour, elle subit des violences physiques, les yeux bandés, et endure des électrochocs. Malgré la torture, Pinar Selek ne cède pas et ne divulgue aucun nom.
Les accusations fallacieuses
Après une semaine de sévices, elle est emprisonnée. Dévastée psychologiquement, elle pense que son calvaire touche à sa fin. Mais le 20 août 1998, son visage apparaît à la télévision de la prison avec la mention « terroriste ». Elle est faussement accusée d’avoir organisé un attentat à la bombe qui a causé la mort de sept personnes dans le marché aux épices d’Istanbul.
Malgré l’absence de preuves et les expertises qui concluent à une explosion accidentelle d’une bonbonne de gaz, Pinar Selek est libérée au bout d’un an et demi. Cependant, le harcèlement judiciaire ne fait que commencer, avec des acquittements systématiquement annulés par la cour de Cassation.
Un exil forcé
En 2009, face à cette mascarade, elle s’enfuit à l’étranger avec une petite valise contenant des photos de sa mère décédée et de sa sculptresse préférée, Camille Claudel. Depuis 2010, Pinar Selek vit en France pour échapper à une nouvelle incarcération, alors qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre elle.
Aujourd’hui, alors que le procès continue, avec une nouvelle audience prévue en avril, elle a su rebondir. Devenue maîtresse de conférences à l’université de Nice, elle enseigne la sociologie et les sciences politiques, tout en écrivant des contes et des romans écologistes.
Une pensée écologiste engagée
Pinar Selek contribue activement à la réflexion écologiste. Son crédo est l’écologie sociale, qui appelle à décloisonner les luttes et à ne pas établir de priorités. Elle souligne que tous les systèmes de domination – racisme, patriarcat, capitalisme – reposent sur des logiques communes, un aspect crucial pour stopper l’effondrement de notre planète.