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Un projet de paix soutenu par le président Donald Trump propose des concessions territoriales massives et des restrictions militaires pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Les révélations des médias américains décrivent un plan exigeant, selon ses différentes versions, la cession par Kiev d’une part importante de son territoire oriental, la limitation de la taille de ses forces armées et un engagement à ne jamais rejoindre l’OTAN. Cette proposition relance le débat diplomatique alors que Kiev affirme sa volonté d’explorer toute voie sérieuse vers la paix.
Origine et démarches diplomatiques
Des informations publiées par Axios et l’Agence France-Presse décrivent un plan de paix en 28 points appuyé par Donald Trump. La Maison-Blanche a confirmé que des hauts responsables de l’administration Trump ont rencontré des représentants ukrainiens la semaine passée pour présenter une proposition destinée, selon eux, à être acceptable pour l’Ukraine et la Russie.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré aux journalistes que le secrétaire d’État Marco Rubio et l’envoyé spécial américain Steve Witkoff ont participé aux discussions. Elle a ajouté que l’administration mène « des conversations sérieuses » avec les deux parties et a qualifié les échanges de « bons ». Selon elle, Rubio et Witkoff travaillent « discrètement depuis un mois » pour définir ce que chaque camp pourrait offrir en vue d’un accord durable.
Les grandes lignes du plan (selon l’AFP)
Selon l’Agence France-Presse, le plan américain soutenu par M. Trump comporte 28 points. Les principaux éléments relayés sont les suivants :
- La cession par l’Ukraine d’une partie du Donbass oriental à la Russie, incluant les régions de Louhansk et Donetsk.
- La limitation des effectifs des forces armées ukrainiennes à 600 000 soldats.
- Un engagement formel de Kiev à n’adhérer en aucun cas à l’OTAN.
- Le déploiement d’avions de combat européens en Pologne pour protéger l’Ukraine, sans stationnement de forces de l’OTAN sur le sol ukrainien.
Points saillants selon Axios
La version publiée par Axios met l’accent sur des concessions territoriales supplémentaires et des garanties militaires strictes. Les éléments notables incluent :
- L’abandon par Kiev de territoires supplémentaires à l’est, représentant près de 20 % de la surface totale du pays.
- La définition d’un plafond pour les forces armées ukrainiennes et l’interdiction d’adhésion à l’OTAN.
- La promesse d’une réponse militaire coordonnée et décisive en cas de nouvelle incursion russe.
- L’utilisation d’actifs russes gelés pour contribuer à la reconstruction de l’Ukraine.
- La levée progressive des sanctions contre la Russie et son rapprochement économique, incluant un retour potentiel au format du G8.
- La convocation d’élections en Ukraine dans les 100 jours suivant la conclusion d’un accord.
Réaction ukrainienne
Le président Volodymyr Zélensky a déclaré que l’Ukraine « a besoin de la paix » et qu’elle fera « tout ce qui est nécessaire » pour ne pas entraver toute démarche diplomatique. Il a insisté sur l’importance de ne pas formuler de commentaires irréfléchis et a appelé à une approche constructive des négociations.
Zélensky a souligné que la priorité est d’assurer un appui stable aux forces armées et de préserver la capacité de mener des opérations défensives et des frappes profondes planifiées. Il a aussi rappelé, après une rencontre avec une délégation du Pentagone conduite par le ministre américain de l’Armée Daniel Driscoll, que tout accord doit garantir un « paix digne » respectant l’indépendance et la souveraineté ukrainiennes.
La présidence ukrainienne a indiqué avoir reçu un projet de plan de la part des États-Unis et a affirmé son ouverture à travailler sur des éléments visant à une fin juste du conflit. Zélensky a précisé qu’il envisageait de discuter des opportunités diplomatiques nécessaires avec le président Trump dans les jours à venir.
Position au Conseil de sécurité et lignes rouges de Kiev
Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni jeudi soir pour débattre de la situation en Ukraine, en particulier des attaques visant les infrastructures vitales et le secteur de l’énergie à l’approche de l’hiver. La vice-représentante ukrainienne au Conseil a déclaré que le cessez-le-feu est une condition essentielle pour mener des négociations sérieuses avec la Russie.
Lors de la séance, la diplomate ukrainienne a réaffirmé que :
- Il n’y aura aucun « reconnaissance officielle ou tacite » de la souveraineté russe sur les territoires ukrainiens occupés.
- Kiev n’acceptera aucune restriction sur son droit à la légitime défense, ni sur la taille ou les capacités de ses forces armées.
- La souveraineté ukrainienne, y compris le droit de choisir ses alliances, reste non négociable.
Réaction européenne et position du Kremlin
Les responsables européens, surpris par la révélation des discussions, ont demandé à être consultés. La haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a insisté sur le fait qu’un accord de paix doit être juste, durable et recevoir l’assentiment de l’Ukraine et de l’Europe.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré en arrivant à la réunion des ministres européens que « la paix ne peut pas signifier la capitulation » et que les Ukrainiens rejetteraient tout scénario impliquant la reddition.
Du côté russe, le Kremlin a estimé que toute initiative de paix doit traiter les causes profondes du conflit. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué qu’il n’existe actuellement pas de négociations formelles avec les États-Unis sur un tel plan, malgré des contacts entre les deux pays.
Évolution militaire sur le terrain
La montée des efforts diplomatiques coïncide avec une situation militaire difficile pour Kiev. Les forces ukrainiennes restent sur la défensive le long du front, tandis que des scandales de corruption ont fragilisé l’exécutif de Zélensky, entraînant la destitution de deux ministres par le Parlement.
La Russie contrôle désormais près d’un cinquième du territoire ukrainien et avance vers la prise d’une première grande ville depuis près de deux ans : Pokrovsk, un nœud ferroviaire de l’est désormais fortement endommagé.
Moscou a annoncé la prise de la ville de Koupiansk, où les autorités russes affirment avoir réalisé des progrès ces dernières semaines. La direction générale des opérations ukrainienne a toutefois nié que la ville soit totalement entre les mains russes, assurant qu’elle reste sous le contrôle des forces de défense ukrainiennes et qualifiant certaines allégations de « inexactes ».
Par ailleurs, dans la région de Zaporijia, le gouverneur Ivan Fiodorov a fait état tard jeudi de cinq morts et trois blessés après une attaque russe, et a publié des images montrant des bâtiments en flammes et des rues jonchées de décombres.