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La mobilisation record autour de la loi Duplomb : plus d’un million de signatures contre la réintroduction de pesticides interdits
Une vague de contestation majeure secoue le paysage politique et environnemental français avec la mobilisation de plus d’un million de citoyens via une pétition lancée contre la loi Duplomb. Adoptée début juillet au Parlement, cette loi autorise la réintroduction exceptionnelle de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018 en raison de ses effets délétères sur les pollinisateurs et potentiellement sur la santé humaine.
Le texte, présenté comme une réponse aux demandes des agriculteurs cherchant des solutions contre les ravageurs, divise profondément l’opinion publique. La pétition, initiée par une étudiante bordelaise de 23 ans, Éléonore Pattery, a franchi la barre symbolique du million de signatures en seulement dix jours. Elle réclame la suspension de la loi et avertit que si aucune révision n’est effectuée, un débat parlementaire pourrait être organisé dès la rentrée, même si celui-ci ne débouchera pas automatiquement sur son abrogation.
Les enjeux environnementaux et sanitaires au cœur du débat
Ce qui alimente la polémique, c’est le choix de réinstaurer un pesticide dont les effets sur la santé et l’environnement restent incertains. L’acétamipride, de la famille des néonicotinoïdes, pose la question de ses risques neurotoxiques, notamment sur le développement neurologique chez l’enfant, ainsi que sur la biodiversité, notamment la pollinisation, essentielle à de multiples écosystèmes. La loi autorise cette réintroduction sous conditions strictes, mais les opposants craignent une aggravation des pollutions et des risques sanitaires.
Bien que les études disponibles restent lacunaires, plusieurs travaux, notamment des recherches en laboratoire, ont suggéré des effets délétères comme des troubles neurologiques ou une augmentation du risque de certains cancers. La communauté scientifique appelle à davantage d’études épidémiologiques pour mieux évaluer ces risques chez l’humain. La crainte que ces pesticides impacting la santé des populations ne soient pas suffisamment encadrés dans la législation française renforce la mobilisation citoyenne.
Les réactions politiques et institutionnelles
Face à cette opposition massive, le président de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré être favorable à un débat parlementaire dès la rentrée, dès lors que la pétition atteint un certain seuil de soutiens et de territoires représentés. Cependant, elle précise que ce débat sera purement consultatif et ne pourra pas remettre en cause la loi elle-même sans un nouveau vote parlementaire ou une proposition de loi. La possibilité pour le président Macron de ne pas promulguer la loi tout en retardant sa mise en application par des décrets d’application demeure une option envisagée par certains analystes, mais reste peu probable selon les experts constitutionnels, étant donné la règle de l’obligation de promulgation.
De leur côté, les opposants politiques et les associations environnementales redoublent d’efforts pour stopper le processus. Des élus de la gauche et des écologistes voltent à la faveur d’un nouveau débat ou d’une nouvelle délibération, voire d’une nouvelle loi d’abrogation. La députée Sandrine Rousseau, de la Nupes, a indiqué qu’une proposition de loi visant à son annulation sera probablement déposée, sans garantie qu’elle soit adoptée rapidement.
Le poids de la mobilisation citoyenne
Ce mouvement au retentissement sans précédent témoigne de la forte opposition de l’opinion face à l’usage de pesticides potentiellement dangereux pour la santé et l’environnement. La plateforme de pétitions en ligne de l’Assemblée nationale, créée en 2019, n’avait jusqu’ici été sollicité que pour des causes minimes ou symboliques, mais cette virulente mobilisation pourrait influencer la suite des processus législatifs et renforcer le débat démocratique autour des enjeux agricoles et écologiques.
Les discussions se poursuivent entre partisans de la loi, notamment au sein du syndicat agricole FNSEA, et ses détracteurs, qui dénoncent une atteinte à l’environnement et à la santé publique. Alors que l’examen parlementaire reste en suspens, la vague de protestation montre l’émergence d’un véritable front citoyen exigeant plus de transparence et de responsabilité dans la gestion des produits phytosanitaires.