Accueil ActualitéPolitiqueKhaleda Zia : décès de l’ancienne première ministre du Bangladesh

Khaleda Zia : décès de l’ancienne première ministre du Bangladesh

par Sara
Bangladesh, Inde

Khaleda Zia, ancienne première ministre du Bangladesh et dirigeante historique du Bangladesh Nationalist Party (BNP), est décédée tôt le 30 décembre à l’hôpital, à l’âge de 80 ans, a annoncé son parti. Hospitalisée depuis le 23 novembre, sa disparition intervient dans un climat politique tendu, et a suscité des réactions émotionnelles dans tout le pays.

Dans les jours précédant sa mort, une image symbolique a marqué l’opinion publique : un militant du BNP, Tipu Sultan, était resté devant l’entrée de l’hôpital en brandissant une pancarte promettant de donner un rein à Khaleda Zia, une scène devenue virale et révélatrice de l’attachement d’une partie de la population à la dirigeante. Plusieurs observateurs ont souligné que beaucoup espéraient la voir en bonne santé avant les élections nationales fixées au 12 février.

L’ascension d’une dirigeante

Née le 15 août 1946 à Dinajpur, dans l’ancien Bengal oriental, Khaleda Zia a accédé à la vie politique après l’assassinat de son mari, le général Ziaur Rahman, en 1981. À cette époque, le pays traversait une période d’instabilité et les cadres du BNP l’ont encouragée à prendre la tête du parti pour préserver l’héritage de Rahman.

Elle a rejoint le BNP en 1982, en est devenue vice-présidente en 1983, puis présidente en 1984. Dans les années qui ont suivi, Khaleda Zia a remporté plusieurs élections et a exercé la fonction de première ministre à trois reprises, incarnant pendant plus de trente ans l’un des deux pôles principaux de la politique bangladaise aux côtés de Sheikh Hasina.

Vie privée et basculement politique

Avant d’entrer en politique, Khaleda Zia était connue pour sa discrétion et son rôle de première dame au foyer. Mariée très jeune à Ziaur Rahman, elle a assuré la gestion du ménage familial tout en restant en retrait de l’arène publique jusqu’à l’assassinat de son époux.

Le traumatisme de 1981 l’a propulsée sur la scène nationale : investie par les cadres du BNP, elle a su rassembler des factions rivales et jouer un rôle central dans l’opposition aux régimes militaires de l’époque, notamment face au général Ershad.

De la contestation au pouvoir

Tout au long des années 1980, Khaleda Zia a tourné son action contre le régime militaire, participant à des mouvements populaires pour le rétablissement de la démocratie. Sa décision, avec le BNP, de boycotter certaines élections contestées a renforcé son image de dirigeante inflexible sur les principes.

En 1991, après la chute du gouvernement militaire, elle a réussi à former un gouvernement grâce à des alliances parlementaires, devenant la première femme élue à la fonction de première ministre au Bangladesh. Ce mandat a inscrit son nom parmi les figures féminines marquantes de la région.

Réformes, croissance et polémiques

Ses gouvernements ont misé sur la libéralisation économique, la promotion des exportations — notamment du secteur textile — et l’élargissement de l’accès à l’éducation, contribuant à une croissance soutenue du pays dans les années 1990 et 2000. À la fin de son dernier mandat en 2006, la croissance économique était parmi les plus élevées de l’histoire du Bangladesh récent.

Cependant, son action a aussi été entachée par des controverses. Des accusations de népotisme et de corruption ont visé des proches, en particulier son fils aîné Tarique Rahman, ainsi que des critiques liées à la gestion de crises agricoles et à des incidents violents survenus sous son gouvernement.

Erreurs politiques et crise de 2007

Plusieurs épisodes ont fragilisé la crédibilité de Khaleda Zia, au premier rang desquels des accusations de partialité dans certains scrutins et la tentative d’installer un gouvernement de transition favorable en 2006. Des attentats politiques et des enquêtes jugées insuffisantes ont aussi alimenté la défiance.

Ces crises ont contribué à l’instabilité qui a conduit, en janvier 2007, à une prise de pouvoir soutenue par l’armée et à une longue mise à l’écart des principaux leaders politiques, y compris Khaleda et Sheikh Hasina.

Un engagement pour la démocratie

Malgré les controverses, de nombreux partisans et observateurs saluent l’attachement de Khaleda Zia à des principes de démocratie multipartite. Ses partisans rappellent son endurance face aux arrestations, aux peines judiciaires et aux pressions politiques, estimant qu’elle a souvent choisi de rester dans le pays plutôt que de chercher l’exil.

Lors des récents retournements politiques, elle a également appelé au calme et à l’absence de représailles, ce qui a surpris certains observateurs habitués à l’escalade des tensions dans la politique nationale.

Quel avenir pour le BNP ?

La disparition de Khaleda Zia pose la question de la succession au sein du BNP. Son fils Tarique Rahman, revenu au pays le 25 décembre après l’abandon de certaines poursuites, est perçu comme l’héritier naturel par une partie du parti, mais son leadership reste contesté et peu expérimenté sur le terrain politique interne.

Pour beaucoup, les élections de février représenteront l’épreuve décisive : elles détermineront non seulement la capacité du BNP à se maintenir comme force majeure, mais aussi si Tarique saura consolider l’appareil partisan et apaiser les divisions internes.

La mort de Khaleda Zia marque la fin d’un chapitre majeur de la vie politique bangladaise, marqué par une longue rivalité avec Sheikh Hasina et par des décennies de polarization. Alors que le pays se prépare aux échéances électorales, le souvenir de son action, entre réformes et controverses, continuera d’alimenter les débats nationaux.

source:https://www.aljazeera.com/features/2025/12/30/khaleda-zia-bangladeshs-first-woman-pm-a-life-of-power-and-resistance

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