La Corée du Sud a connu un scrutin présidentiel historique, marqué par une participation record et une victoire claire du candidat de centre-gauche, Lee Jae-myung. Selon les principales chaînes de télévision du pays, notamment KBS, MBC et SBS, M. Lee a obtenu plus de 51,7% des voix, face à son rival conservateur Kim Moon-soo, qui recueillait 39,3%. La mobilisation électorale a été exceptionnellement forte, avec un taux de participation de 79,4%, le plus élevé depuis 28 ans, reflétant l’importance de cet enjeu pour la stabilité politique et économique du pays.
Une victoire symbolique face à une crise politique
Ce scrutin fait suite à une période de turbulences politiques, notamment à un épisode de tentative de coup d’État par l’ancien président Yoon Suk Yeol, qui avait tenté d’imposer la loi martiale six mois plus tôt. La forte participation et la victoire de Lee Jae-myung illustrent un rejet massif des mesures autoritaires et une volonté de restaurer la démocratie, comme l’affirme le professeur de sociologie Gi-Wook Shin, de l’Université de Stanford, pour qui « ce moment restera probablement dans les mémoires comme un tournant ». La victoire de Lee, dont le parcours atypique d’ancien ouvrier de 60 ans s’est illustré lors de la crise, marque une volonté de changement et de stabilité dans un contexte de tensions internes et de fragilité institutionnelle.
Les enjeux pour la quatrième puissance asiatique
Les observateurs économiques et politiques s’attendent à ce que le nouveau président, investi rapidement par la Commission électorale, œuvre pour stabiliser une économie fortement dépendante de ses exportations, notamment dans un environnement international marqué par les guerres commerciales. La candidature de Lee, qui a su rassembler une majorité des électeurs modérés urbains, aurait permis de faire échec aux tentatives dysfonctionnelles du pouvoir précédent. La campagne a aussi été marquée par la forte détermination de Lee, qui a traversé des épreuves personnelles, notamment une tentative d’assassinat, et a dû faire face à de nombreuses poursuites judiciaires, notamment pour corruption. Pourtant, cette résilience semble avoir renforcé son lien avec une partie de l’électorat qui recherche avant tout un cap de stabilité et de progrès social.
Ce scrutin, qui a mobilisé une population en quête de normalité et de renouveau, témoigne du profond bouleversement politique que traverse la société sud-coréenne. La victoire de Lee Jae-myung pourrait aussi inciter la région à observer attentivement les changements dans la gouvernance de Séoul, en pleine transition après une période de crises et de manifestations massives.