Table of Contents
Les hallucinations IA — la tendance des chatbots comme ChatGPT, Gemini ou Grok à inventer des informations — restent un défi majeur pour la fiabilité des systèmes, pouvant aller de résultats cocasses à des conséquences graves pour des personnes et des entreprises.
Pourquoi les hallucinations IA surviennent, selon Google Cloud et les entreprises
Le phénomène appelé hallucination couvre des réponses incorrectes, inventées ou trompeuses produites par des modèles de langue. Ces erreurs peuvent être bénignes — générer un détail inventé dans un texte — ou très préjudiciables : en mars dernier, un Norvégien a porté plainte contre le robot conversationnel d’OpenAI après que celui-ci « l’a présenté comme un meurtrier », affirmant qu’il avait tué deux de ses enfants et tenté d’assassiner le troisième.
Plusieurs facteurs expliquent ces productions erronées. Google Cloud pointe « des données d’entraînement insuffisantes, des hypothèses erronées formulées par le modèle ou [des biais] dans les données utilisées pour entraîner le modèle ». Les chatbots apprennent à partir des données qui leur sont fournies en repérant des tendances : si ces données sont incomplètes ou biaisées, les prédictions risquent de l’être également.
« SI les données d’entraînement sont incomplètes, biaisées ou erronées, le modèle d’IA peut apprendre des schémas incorrects, ce qui peut conduire à des prédictions inexactes ou à des hallucinations », explique Google Cloud.
Un autre élément souvent cité est le manque d’ancrage factuel : ces modèles peinent parfois à comprendre précisément des connaissances du monde réel, des propriétés physiques ou des informations vérifiables. Le résultat peut être un texte fluide et vraisemblable, mais contenant des assertions non fondées ou absentes des sources originales — par exemple, un résumé d’article intégrant des éléments inventés.
OpenAI, Longfact et SimpleQA : limites des tests pour réduire les hallucinations IA
Les acteurs du secteur mettent en place des benchmarks pour mesurer et réduire les hallucinations. OpenAI indique s’être appuyée sur plusieurs jeux de données publics pour évaluer GPT-5, citant notamment Longfact et SimpleQA. L’éditeur a aussi déclaré que GPT-5 « est significativement moins susceptible d’avoir des hallucinations que \[ses\] modèles précédents », avec 45 % de réponses moins susceptibles de contenir une erreur factuelle par rapport à GPT-4o.
Longfact comporte 2 280 requêtes couvrant 38 sujets (événements du XXe siècle, astronomie, médecine, sport, informatique…) et sollicite des réponses longues et détaillées. SimpleQA mesure la capacité à répondre à des questions courtes et factuelles, par exemple sur des dates, des personnalités ou des publications scientifiques.
Mais ces évaluations présentent des limites : elles testent des cadres précis et ne reflètent pas forcément la diversité des usages quotidiens. OpenAI le reconnaît elle‑même : « SimpleQA est un outil de référence simple mais complexe pour évaluer la factualité des modèles de frontière. L’une de ses principales limites réside dans sa portée: bien que précis, SimpleQA ne mesure la factualité que dans le cadre contraint de requêtes brèves et factuelles, avec une réponse unique et vérifiable ».
En pratique, des modèles peuvent obtenir de bons résultats sur des benchmarks tout en continuant à produire des hallucinations dans des contextes plus ouverts ou conversationnels. Les entreprises admettent qu’il est actuellement impossible d’éliminer totalement ces erreurs, en partie parce que les systèmes ne « comprennent » pas toujours les informations qu’on leur fournit.
Conséquences, mesures et limites des améliorations
Les hallucinations IA soulèvent des enjeux de sécurité, de responsabilité et de confiance. Des cas médiatisés montrent que la diffusion d’informations erronées peut nuire à des personnes ; les recours juridiques commencent à apparaître, comme l’illustre la plainte norvégienne contre OpenAI.
Pour limiter les risques, les entreprises combinent plusieurs approches : améliorer la qualité et la diversité des données d’entraînement, développer des méthodes de vérification factuelle, et concevoir des évaluations plus représentatives des usages réels. Malgré ces efforts, les acteurs reconnaissent la nécessité d’une vigilance continue et d’une évaluation pragmatique des chiffres annoncés.
En l’état, le risque d’hallucination demeure un paramètre à considérer pour les utilisateurs et les intégrateurs de ces technologies : les réponses des chatbots doivent être vérifiées lorsqu’elles portent sur des faits sensibles ou susceptibles d’engendrer des conséquences tangibles.