Home ActualitéPourquoi les négociations de paix en Ukraine ont échoué ces dernières années

Pourquoi les négociations de paix en Ukraine ont échoué ces dernières années

by Sara
Ukraine, Russie, États-Unis

Une analyse approfondie publiée dans la revue Foreign Affairs par deux spécialistes des relations internationales examine pourquoi les négociations de paix en Ukraine ont échoué à plusieurs reprises depuis plus de trois ans. À la veille du sommet prévu en Alaska entre les présidents américain et russe, ce texte tire les leçons des tentatives passées et interroge les conditions nécessaires pour relancer de véritables négociations.

Contexte et tentatives antérieures

Le conflit russo‑ukrainien, déclenché en février 2022, a donné lieu à plusieurs vagues de pourparlers, dont les plus notables ont eu lieu à Istanbul en mars 2022. Ces négociations semblaient alors ouvrir une fenêtre de paix, mais elles se sont rapidement enlisé autour de questions territoriales et de garanties de sécurité.

Les pourparlers successifs ont montré que le chemin vers une entente durable reste bloqué, malgré les pressions diplomatiques et les propositions de compromis. Les évolutions militaires sur le terrain ont souvent dicté le calendrier politique et réduit la marge de manœuvre des négociateurs.

Les pourparlers d’Istanbul : une fenêtre manquée

À Istanbul, un accord préliminaire était envisageable, reposant sur :

  • un retrait des forces russes vers les lignes antérieures à l’offensive,
  • un statut de neutralité permanente pour l’Ukraine empêchant son adhésion à l’OTAN,
  • des garanties internationales de sécurité strictes pour Kiev.

Ces avancées ont cependant volé en éclats à cause des questions non résolues sur la Crimée et le Donbass : l’Ukraine exigeait le rétablissement de l’intégralité de son territoire, tandis que la Russie refusait de renoncer à ses gains militaires.

Réunion des dirigeants évoquée avant le sommet d'Alaska
L’absence du président ukrainien à la table des négociations a été présentée comme un risque pour la réussite de futurs sommets.

Conditions nécessaires pour un accord durable

Les auteurs soulignent plusieurs conditions essentielles pour que de nouvelles négociations aboutissent :

  • Tous les acteurs concernés doivent être présents dès le départ ; l’absence d’une partie clé peut compromettre l’accord.
  • Des garanties de sécurité sérieuses et crédibles doivent être proposées à l’Ukraine, avec l’aval des puissances occidentales.
  • La mise en place concomitante de mécanismes de cessez‑le‑feu et d’arrangements politiques pour l’après‑guerre est indispensable.
  • Les préoccupations de long terme des deux camps, notamment en matière de sécurité régionale et de relations avec l’OTAN, doivent être traitées.

Facteurs qui ont saboté les négociations

L’analyse met en évidence plusieurs éléments récurrents qui ont entravé les efforts de paix :

  1. Objectifs divergents :

    L’Ukraine vise à récupérer l’intégralité de son territoire internationalement reconnu, tandis que la Russie réclame la reconnaissance de l’annexion de la Crimée et le contrôle de portions du Donbass.

  2. Manque de confiance :

    Chaque camp doute de la capacité et de la volonté de l’autre à respecter un accord, ce qui fragilise toute concession.

  3. Influence des alliés :

    Le soutien militaire occidental a renforcé la position de négociation de Kiev, tandis que l’aide reçue de pays comme la Chine et l’Iran a permis à Moscou de prolonger sa résistance.

  4. Accentuation du discours politique :

    La rhétorique nationaliste et la polarisation interne rendent tout compromis politiquement risqué et souvent perçu comme une trahison.

Signes de flexibilité et limites

Les pourparlers d’Istanbul ont montré que des concessions considérables sont théoriquement possibles des deux côtés. Selon les analystes, certains gestes politiques remarquables ont été évoqués :

  • la possibilité de discuter de la Crimée,
  • la reconnaissance par Moscou du droit de l’Ukraine à poursuivre une adhésion à l’Union européenne,
  • la renonciation publique de Kiev à une adhésion immédiate à l’OTAN et la volonté d’engager un dialogue direct.

Malgré ces signes, l’échec à transformer ces ouvertures en un accord contraignant illustre la fragilité des « fenêtres de paix » : elles restent brèves et se referment vite si un camp estime pouvoir obtenir davantage par la force.

Forces ukrainiennes dans l'est de l'Ukraine
Les forces ukrainiennes dans l’est subissent une pression constante des frappes aériennes et d’artillerie russes.

Enseignements pour les négociations de paix en Ukraine

Pour que de futures négociations de paix en Ukraine aient une chance de succès, plusieurs apprentissages se dégagent :

  • Concevoir les pourparlers pour traiter à la fois des mécanismes de cessez‑le‑feu et des arrangements politiques d’après‑guerre.
  • S’assurer de la participation effective de toutes les parties susceptibles d’influencer la mise en œuvre d’un accord.
  • Proposer des garanties mutuelles de sécurité crédibles, acceptables pour Kiev et soutenues par des acteurs internationaux.
  • Saisir rapidement toute fenêtre diplomatique, car les occasions de paix dans les conflits majeurs sont éphémères.

Sans une approche qui s’attaque aux racines de la crise — sécurité régionale, statut de l’Ukraine vis‑à‑vis de l’OTAN et garanties réciproques — les négociations de paix en Ukraine risquent de rester infructueuses, prolongeant une guerre coûteuse et épuisante pour tous les protagonistes.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/8/15/%d9%85%d9%82%d8%a7%d9%84-%d8%a8%d9%81%d9%88%d8%b1%d9%8a%d9%86-%d8%a3%d9%81%d9%8a%d8%b1%d8%b2-%d9%84%d9%87%d8%b0%d8%a7-%d9%81%d8%b4%d9%84%d8%aa-%d9%85%d8%ad%d8%a7%d8%af%d8%ab%d8%a7%d8%aa

You may also like

Leave a Comment