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Pourquoi l’ouverture d’un consulat taliban à Téhéran choque-t-elle
**Téhéran** – Deux mois après le renversement du gouvernement par les [Talibans](https://fr.wikipedia.org/wiki/Taliban), le consul général afghan à Machhad, Jaber Ansar, a annoncé en Iran, lors du dernier jour de l’administration précédente, la résolution d’un conflit avec [Kabul](https://fr.wikipedia.org/wiki/Kabul) concernant la gestion de leur consulat. Cette décision a suscité de vives critiques en Iran en raison de la rapidité avec laquelle cette affaire a été clôturée.
Les racines de ce conflit remontent à début juin, lorsque Kaboul a désigné un représentant pour assumer les fonctions de consul général nommé par l’ancien gouvernement afghan. Téhéran a considéré cette nomination comme une violation de la [Convention de Vienne de 1961](https://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_de_Vienne_relatives_aux_relations_diplomatiques), affirmant qu’elle avait été effectuée sans coordination avec eux.
Quelques heures avant l’inauguration de [Massoud Bezikian](https://fr.wikipedia.org/wiki/Massoud_Bezikian) à la présidence de la République islamique, l’agence de presse « ISNA » a rapporté que le différend entre Téhéran et Kaboul concernant la nomination et le transfert des diplomates avait été résolu selon les mécanismes prévus par la Convention de Vienne. Par conséquent, l’Iran a accepté le consul proposé par les Talibans pour gérer le consulat afghan à Machhad.
Critiques et réactions
À l’instar de l’indignation qui a suivi la décision de Téhéran, en février 2022, de remettre l’ambassade afghane au gouvernement taliban malgré le non-reconnaissance de ce régime par l’Iran, cette nouvelle décision a provoqué des réactions variées au sein des autorités iraniennes concernant la remise du consulat à l’autorité talibane.
Le journal « Jomhouri-ye Eslami » a critiqué la décision de livrer le consulat afghan aux Talibans dans les derniers instants de l’administration iranienne actuelle, soulignant qu’il ne serait pas possible pour les Talibans de mettre fin à la mission du consul général désigné par le régime précédent, car ils ne sont pas reconnus jusqu’à présent.
- Le titre « Dernière frappe infligée par les partisans des Talibans au président Bezikian » décrit les implications que la décision tardive de la part des Talibans pourrait avoir sur le gouvernement de Bezikian et sur le ministère des Affaires étrangères.
- Ces conséquences mettraient le gouvernement devant une réalité difficile, et une annulation potentielle de cette décision pourrait survenir en raison d’un changement administratif.
En revanche, Ahmad Masoumi Far, chef de la représentation du ministère des Affaires étrangères au nord-est de l’Iran, a déclaré que la décision récente ne pouvait pas être considérée comme une livraison du consulat afghan à l’autorité talibane, en raison de l’inachèvement du processus légal, précisant que la personne qui a pris en charge le consulat est un superviseur temporaire.
De son côté, Sayyid Rasoul Mousavi, assistant du ministre des Affaires étrangères iranien, a qualifié la gestion des relations avec le gouvernement afghan à Kaboul comme « l’un des types de gestion politique les plus difficiles et les plus complexes dans les relations diplomatiques. »
Les défis de la situation actuelle
Le diplomate iranien et chercheur sur les questions afghanes, Mohsen Rouhi Safat, attribue la complexité de la gestion des relations avec Kaboul à la multiplicité des acteurs internes sur la scène afghane, ainsi qu’à l’influence d’autres acteurs régionaux et internationaux sur la politique étrangère du pays.
- Il souligne l’importance pour Téhéran de traiter avec les Talibans en raison de la proximité géographique et des nombreux dossiers partagés.
- Il mentionne également que la forte augmentation des migrants afghans en Iran, qui aurait atteint 4 millions, pourrait être le résultat d’une gestion inefficace des relations avec le voisin oriental au cours des dernières années.
Il insiste sur le fait que la communauté afghane en Iran a doublé, voire triplé, durant les trois dernières années, ce qui pèse lourdement sur l’économie nationale et sur le quotidien des citoyens iraniens.
Majid Zouari, directeur de l’Institut des relations internationales, s’étonne de la réaction de son pays face à la volonté des Talibans d’imposer leurs éléments dans les représentations diplomatiques à l’étranger, martelant que la République islamique ne reconnait pas l’Emirat islamique en Afghanistan.
Il conclut en suggérant que, considérant le changement de gouvernement en Iran, il aurait été plus avisé pour l’administration précédente de faire preuve de patience avant de décider de remettre le consulat aux représentants talibans.